Mémoire de Spectre : Eris Morn

Légende 5 sur 16 de la série L'après Oryx d'Eris Morn
 

L’infirmerie de la Tour était calme. Les Gardiens ont beau intervenir à longueur de temps dans le système, il arrivait parfois que le silence règne au cœur même de la dernière Cité.

L’Éveillé était couché sur le lit, inerte. Des machines surveillaient chacune de ses contractions et chaque signal de son état physique. Le seul son dominant dans la pièce était celui du bip régulier, à peine perceptible, du battement de son cœur. 

Une petite fenêtre en plexitrans était située dans un des murs de la chambre. Un Spectre flottait devant, étrangement immobile. Son œil unique se reflétait à l’intérieur de la fenêtre, émettant une lueur rouge régulière.

Dans un coin de la chambre se trouvait une chaise. Elle était de mauvaise facture, recouverte de vinyle, probablement une relique de l’Âge d’or. Et soudain, un craquement se fit entendre.

Dans le silence environnant, quelqu’un d’autre respirait. 

Eris Morn s’assit sur la chaise, permettant aux sombres émanations d’énergie qu’elle avait invoquées de flotter sans effort de son dos vers la pénombre. Les lueurs vertes de son voile contrastaient avec l’obscurité.

Comme s’il sortait de ses pensées, le Spectre cessa de regarder par la fenêtre. Pendant un instant, trois yeux fixèrent son œil, avant qu’il ne retourne à ses observations.

De son visage impassible, Eris regarda l’Éveillé dans le lit. 

Il s’appellait Asher Mir.

C’était un colérique. Un casse-pied. Un acariâtre. Elle avait même déjà vu Ikora Rey perdre son calme en sa présence. Ses lèvres se redressèrent, très légèrement, vers le haut. Une âme sœur, si jamais elle en avait eu une.

Son sourire disparut alors que son regard se tourna vers lui. Son habit d’Arcaniste avait été retiré et elle pouvait voir la pâle couleur bleue de son torse qui suivait le rythme de sa respiration. Son bras. Son bras avait disparu.

Il y avait cette chose à la place. Les sutures mécaniques faites à la chaire étaient horribles à regarder, mais il était impossible pour les Gardiens s’étant rendus sur le terrain de ne pas deviner d’où elles provenaient : le bras d’Asher Mir était d’origine Vex.

Ses yeux se tournèrent vers le Spectre près de la fenêtre. Lui aussi avait été transformé. Comment ne pas remarquer cette technologie Vex incrustée qui pénétrait dans la coque du petit garde. Cet œil rouge et fixe…

Elle se leva et avança vers le côté du lit.

Le ton de sa voix, bien que douce et calme, emplit l’air stagnant de la chambre. 

« Je vais partir mon vieil ami. »

L’homme dans le lit ne bougeait pas.

« Bientôt, je prendrais congé de tous ces mensonges ». dit-elle en levant mains en l’air comme pour s’emparer de l’infirmerie, de la Cité, de la Tour, de la Terre.

Elle posa sa main gantée sur le dos de la main bleue, faite de chaire et de sang. « Si seulement nous avions pu parler une dernière fois, vous et moi. Mais mon temps ici est terminé. J’ai vengé ceux que j’ai perdus. Je dois trouver… »

Elle s’interrompit et derrière le bandage qui recouvrait son visage, ses trois yeux se fermèrent. Pendant un instant, elle s’autorisa à ressentir les larmes sombres qui coulaient sans fin le long de son visage. Ses yeux se rouvrirent et ses forces irradiaient dans les ténèbres.

«  Je dois trouver un nouveau chemin dans la nuit. La Ruche est immense et ancienne. Son pouvoir vient d’une autre dimension. Si nous devons réellement les affronter un jour, mettre fin à leur haine, je dois intervenir au-delà des murs protecteurs de la Cité.  »

Elle leva la tête et regarda par la fenêtre vers l’horizon, vers l’immensité du Mur, dernier rempart de l’humanité.

« Soyez prudent, scribe de Gensym.  Une tempête approche.  Et je ne serai pas à vos côtés quand elle atteindra nos rivages. »

À ces mots et dans une concentration d’énergie, elle disparut. 

La chambre retrouva son calme. Le bip du battement du cœur de l’Éveillé résonnait depuis les machines. Le Spectre fixait la nuit de son œil rouge qui ne clignait jamais.

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Références