Mémoire de Spectre : Le Récif 4

Légende 2 sur 17 de la série La croisade infâme du Prince Uldren
 

Il laissa ses ravisseurs le trainer dans la boue.

Ses bras lui faisaient mal. Deux mains enserraient chacun de ses biceps, telles des mâchoires d’acier. Il tomba. Le bout de ses bottes sales se cognait contre les pierres et laissait des traces dans la poussière. Il gardait les yeux baissés, un chiffon usé et tâché couvrant son visage. Il n’était pas habitué à se retrouver dans cette position.

Ils l’humiliaient. Ils le maltraitaient. Il mordit le creux de sa joue jusqu’à ce que le sang s’écoule dans sa bouche. Il avait du mal à se laisser faire.

Il fallait qu’ils croient qu’ils l’avaient brisé. Qu’il n’était pas une menace.

C’était le seul moyen pour qu’ils l’amènent devant leur Kall.

Il avait pendant des semaines entretenu l’illusion qui avait conduit les Déchus jusqu’à lui. Il avait laissé des traces de son passage dans des endroits où ils ne pouvaient pas les rater. Il avait erré de planète en planète, Mars, puis Vénus, puis Mercure et vice-et-versa, poursuivant les rumeurs et les murmures. Il s’était caché des Gardiens, de son propre peuple. Il avait laissé s’effondrer tout ce qu’ils avaient construit, pendant que ceux qui lui étaient encore loyaux avaient fouillé chaque recoin de ce système oublié.

Maintenant, il était temps d’arrêter de chercher et de commencer à construire.

Il avait besoin de soldats qui ne répondraient qu’à ses ordres. Des corps à façonner selon ses besoins à coup de volonté, de magie et de technologie. Ceux-ci feraient l’affaire.

Il croyait qu’ils allaient l’emmener dans un Ketch. Mais ils étaient profondément sous terre. Pas loin du Cosmodrome, mais… cela n’avait pas d’importance. Il n’avait jamais vraiment prêté attention à la géographie de ce monde dévasté. Ce n’était pas le sien.

Il baissa la tête et écouta la succession de sifflements et de claquements gutturaux qui sortaient de la mâchoire de ce soi-disant roi, tout de jaune vêtu. Le chef brisé d’une maison en disgrâce, le dernier de son espèce.

Ils avaient plus de points communs qu’il n’aurait voulu l’admettre.

Quand la rage de la créature s’éteignit, il leva la tête pour la regarder. Il n’eut pas besoin de parler.

Quand un Kall s’élève, l’autre s’agenouille.

Et le prince sentit le petit picotement de la lumière des étoiles le traverser. Le genre de picotement qui lui confirmait qu’elle aurait été ravie par ce qu’il avait fait.

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Références