Seigneur Felwinter

Légende 10 sur 20 de la série L'alliance des Seigneurs de Fer
 

Felwinter, le Cheval Noir, était au cœur même d’une forteresse clandestine aux côtés de Citan, le seigneur de guerre du trente-deuxième secteur d’Ancienne Russie. Entre eux se tenait une lourde table en obsidienne polie.

« Je ne pensais pas que tu aurais le courage de revenir », dit le seigneur de guerre.

« Il s’agit plutôt d’une bonne connaissance de la situation. Ce n’est pas du courage. Je vais là où je peux faire le plus grand bien. Merci de me recevoir. » La voix de Felwinter semblait aussi creuse que son casque. Citan n’avait qu’une envie : faire valser ce dernier des épaules anguleuses du Seigneur de Fer. Un seul coup de poing ferait l’affaire.

« Si je me souviens bien, tu avais un trône sur ce pic délaissé par la Lumière. Puis, tu as décidé de rejoindre les loups. Tu es le seul seigneur de guerre à avoir réussi à conquérir une montagne entière. »

« Le Pic de Felwinter. »

« Personne ne l’appelle comme ça. »

« Sauf les Seigneurs de Fer. Même s’ils m’ont demandé de me débarrasser du trône. »

Le rire de Citan fit trembler toute la pièce. « En quoi perdre un territoire peut-il être une bonne chose pour un seigneur de guerre ? » Felwinter posa ses mains croisées sur la table. En dessous, Citan avait les deux poings serrés, joints par un éclair de Lumière vacillant.

« Rejoins-nous et tu le sauras », dit le Seigneur de Fer. « Donne-nous ton secteur. Tu auras toujours le droit d’y effectuer des patrouilles, bien sûr. »

La voix de Citan se fit plus grave. « Mais bien sûr. Tu sais très bien que je n’accepterai jamais cela. »

« Dans ce cas, nous te vaincrons, et prendrons ton territoire de force. Encore, et encore, si cela est nécessaire. »

« Je t’invite chez moi malgré ta désertion, et tu as le culot de venir me menacer ? » Le seigneur de guerre s’était levé, dominant Felwinter.

« Pour négocier la paix. » Citan avait l’impression que même la voix qui sortait du casque ne croyait pas un seul mot de ce qu’elle racontait. Le sol trembla alors que le seigneur de guerre renversa l’énorme table d’une seule main. Elle s’écrasa contre le mur opposé, alors que des filaments de Lumière abyssale la traversèrent, puis se regroupèrent pour reconstituer la silhouette de Felwinter.

Citan avait connaissait ce tour de passe-passe, et cru pouvoir dégommer le Seigneur de Fer à terre…

Mais Felwinter avait pris assez d’élan pour lever le genou qui vint s’écraser contre la tête de Citan alors qu’il s’était reculé pour frapper. Le casque du seigneur de guerre se brisa alors qu’ils s’écroulait au sol. Felwinter atterrit juste à côté de Citan, qui gisait face contre terre.

« C’est Dame Jolder qui m’a appris cette technique. Je ne peux pas dire que les Seigneurs de Fer ne m’ont pas rendu service », déclama-t-il.

« Tu sais très bien que nous ferons brûler le monde entier avant de céder le pouvoir aux Seigneurs de Fer », lança laborieusement l’homme le plus imposant. Il ne pouvait plus respirer que par la bouche et son visage était en sang. La Lumière abyssale entre les mains de Felwinter émit un craquement, tout comme le cou du seigneur de guerre.

« Radegast est étourdi. Péroun est indécise. Silimar veut bâtir une tour pour s’y cacher. Mais ils vont changer le monde, et personne ne pourra les arrêter », dit Felwinter au cadavre avec le plus grand calme. Il écarta son manteau d’une main pour sortir un fusil à pompe en bronze. « Est-ce pour le mieux ? Je n’en sais rien. Mais ils veulent mettre fin aux combats, pour que nous n’ayons plus à dormir avec le dos au mur, prêts à déchaîner notre Lumière toutes les nuits. Et ça… Ce n’est pas rien. »

Il fit une pause, comme s’il attendait quelque chose.

« Normalement, c’est à ce moment-là que je t’incite à y réfléchir une seconde fois. Et que je te dis que tu ferais mieux de me rejoindre. Pour découvrir le véritable potentiel de ta Lumière. Mais, je te connais trop bien, Citan. Je sais ce que tu fais subir aux territoires que tu conquiers, et aux gens qui s’y trouvent. Peut-être que les autres Seigneurs, et surtout Saladin, te laisseraient t’échapper en paix. Mais moi, je ne prendrai pas ce risque. »

Le Spectre de Citan apparut en hauteur, faisant pivoter son œil vers le sol, vers l’homme dont il était responsable. Un cri frénétique au bord des lèvres, le seigneur de guerre émergea d’une colonne lumineuse.

Le fusil à pompe de Felwinter retentit comme le tonnerre. Une première fois pour le seigneur de guerre, puis à nouveau pour son Spectre.

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Références