Atrium civil sud

Légende 26 sur 26 de la série L'enquête d'Aunor Mahal
 

Le Vagabond tourna à un angle dans le Bazar et attrapa un tissu qui pendait à l’un des étals.

Il baissa la tête pour passer une porte peu empruntée menant dans un couloir civil. Tout en marchant, il s’enveloppa dans le tissu, se couvrant la tête et dissimulant son visage. Il modifia peu à peu sa démarche et sa posture, ralentissant son pas et courbant l’échine. Lorsqu’il émergea dans l’atrium suivant, il semblait avoir vieilli de soixante ans.

Ayant repéré un groupe d’anciens prenant le soleil, il traîna des pieds pour aller s’asseoir parmi eux.

« Vous êtes nouveau ici ? », demanda l’un d’eux d’une voix éraillée.

« C’est l’impression que cela me fait à chaque fois », répondit-il d’un ton nasillard et saccadé.

« Je vois ce que vous voulez dire », répliqua l’ancien, observant une escouade de Titans de passage dont l’armure reflétait le ciel. « Eux ne changent jamais, lâcha-t-il en les montrant du doigt. Tout autour d’eux change à leur gré. Pour le meilleur ou pour le pire. »

« Vous n’avez pas tort. » Ce n’était pas ce qu’il avait voulu dire. Une fois que la circulation se calmerait, il pourrait rejoindre directement l’Annexe, sans Gardien pour l’ennuyer à propos de règles ou de modifications des gains du Gambit.

Il détestait s’y rendre avec les Porteurs de Lumière. Leur sérieux l’énervait au plus haut point. Il ne le faisait que par nécessité. Il n’appréciait le Gambit que pour une seule et unique raison : les délicieuses Particules de Ténèbres.

Le banc crissa quand quelqu’un vint s’asseoir à ses côtés. Il ne prit pas la peine d’observer le nouvel arrivant. Ce dernier finirait par s’en aller de toute manière.

« Vos renseignements se sont révélés solides, déclara une voix. Et j’en ai été la première surprise. »

Il se tourna et découvrit une femme : la peau mate, le nez courbé, les yeux dénotant une grande intelligence et le gratifiant d’un regard fixe. Elle portait un long manteau noir sur une armure légère. Une Arcaniste. Il ne la connaissait pas. « Vous me prenez pour quelqu’un d’autre, ma chère », dit-il d’une voix chevrotante.

Elle lui confia une plaque au motif complexe de la taille du poing d’un Titan. Un sceau du Cormoran.

« Les renseignements que vous nous avez vendus sur les Ombres étaient solides, répéta-t-elle. Changeriez-vous de camp ? »

Il cligna des yeux. Inutile de faire semblant. Il abandonna son petit jeu et se redressa. « Je ne suis dans le camp de personne, hormis le mien. Sont-ils encore en vie ? »

Les anciens à sa droite froncèrent les sourcils et se mirent à parler entre eux à voix basse.

« Tous sauf un. Lorsque nous sommes arrivés, notre ami commun était déjà en plein travail. »

« Ces trois-là étaient des imbéciles. Ils courraient après des légendes. Ils ne représentaient un danger pour personne, hormis eux-mêmes. »

« Je ne crois pas que vous soyez bon juge de la situation, mais ils sont aux arrêts désormais.»

« Si vous avez terminé, j’aimerais passer plus de bon temps avec ma couverture et ces messieurs bourrus. »

« Nous avons écouté les enregistrements de votre protégé », lâcha-t-elle.

« Ordures », répliqua-t-il sans conviction.

« L’Avant-garde pense pouvoir se servir de vous. », continua-t-elle.

« Et vous, que pensez-vous ? »

« Que vous êtes un criminel auquel il ne faut pas faire confiance. Mais…  Orin vous avait donné votre chance.  »

Il se tourna vers elle pour l’observer.

«  Et je crois que vous pensez pouvoir la ramener.  », reprit-elle. Il ne répondit rien, mais ne détourna pas non plus le regard.

Aunor se releva. « Je vous laisse. »

  ◄ Légende préc.

 

 

Références