Confessions : Entrée III

Légende 3 sur 11 de la série L'exil et la rencontre de Calus
 

De l’esprit de Match. Sur le Léviathan, résigné quant à sa trajectoire. 

Aujourd’hui, je remplis le gobelet Y avec de la poudre d’os, afin que mes ancêtres puissent sécher leur encre. Mon unique but et toutes mes pensées vont vers mon Empereur, Calus, souverain autrefois.

 Le Léviathan traverse une étendue vide dans la galaxie. Aucune étoile ni aucune poussière ne vient troubler ce néant.  Les astronomes disent qu’un ancien cataclysme a crevé un abcès dans le cosmos à cet endroit. L’absence des esprits me fait l’effet d’une céphalée compressive, comme si tout ce qui se trouvait à l’intérieur de moi luttait pour s’en échapper.

Nous perdons tous espoir, mais tant que nous continuons à le perdre, cela signifie qu’il nous en reste encore. On raconte que les Psions n’ont aucun sens de l’humour, car l’humour vient de l’inattendu et nous sommes extralucides. Cependant, nous ne l’étions pas suffisamment pour prévoir le coup d’État, alors je suis peut-être assez aveugle pour bénéficier d’un certain sens de l’humour. J’arrive d’ailleurs encore à rire de notre malheur : le cortège fidèle de l’Empereur curieux, l’Empereur de l’excès joyeux, abandonné au milieu du vide absolu.

Calus ne quitte plus son divan d’observation, pas plus pour manger, que pour visiter les jardins ou goûter les vins, lire ou écrire son Imperativa Titanica, suggérer de nouveaux plats aux cuisiniers, nous raconter des histoires de mondes lointains ou même se demander à voix haute pourquoi Caiatl ne l’a jamais écouté. Il se contente de fixer le vide.

Je crois qu’il se sent insignifiant. La plupart de l’univers n’est constitué de rien, et il n’est rien face à cela. Cette balafre qui défigure notre galaxie remonte à bien avant sa naissance.

J’ai dessiné le gobelet Y dans la terre du jardin aujourd’hui. J’ai utilisé mon doigt et non pas mon esprit afin que personne ne le sache. Ma foi a été exterminée chez les représentants de mon peuple bien avant leur rencontre avec les Cabals, et d’une manière si absolue et si cruelle que la douleur est inimaginable pour un être non psionique.

Mes ancêtres étaient les plus puissants gardiens de secret de l’univers. Je le sais car ils ont survécu suffisamment longtemps pour me donner la vie. J’ignore comment ils ont fait, car chaque fois que je regarde un autre Psion, je vois le gobelet Y sur son visage, la coupe sacrée d’où proviennent tous nos esprits.

Et si Calus savait que je perdais foi en lui ? Si j’étais le poison qui le rongeait ?

Vous voulez entendre une blague ? Non, je sais déjà que vous allez rire. C’est une blague de Psion.

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Références