Notre forge est prête et tourne à plein régime. C’est la première de son genre. C’est un moment historique pour nous. Pour l’Arsenal sombre.
Et je devrais être enchantée. Mais « devrais » est bien le terme.
Je n’ai pas demandé à créer une usine d’armement mobile. Ce n’était pas mon idée, c’était celle de Helga et Yuki. Inutile de dire que ces derniers temps, nous ne nous entendons pas aussi bien qu’avant.
À cause de l’« anomalie », elles pensent que notre travail est encore plus important qu’avant. D’après elle, il doit être accessible à tout moment. Et en plus grand nombre.
Nous grandissons vite, trop vite. Cela implique une production de masse et engendre un contrôle moins important sur notre travail, sur sa distribution, etc. Cela crée plus d’armes pour nous défendre, bien sûr, mais elles ne doivent pas être mises entre toutes les mains. Ce n’était pas là ce que je voulais. Le pouvoir sans contrôle mène au chaos. C’est du donnant-donnant.
Et rien n’empêche autant le contrôle que des imprimantes d’armement portables placées dans le monde entier. Elles parlent même d’en apporter sur d’autres planètes…
Je suppose… j’ai toujours cru que cette opération serait plus personnelle, plus localisée.
Je sais que Helga et Yuki font uniquement cela dans l’intérêt de l’Arsenal. Helga nous a toujours répété, de façon assez odieuse je dois l’admettre, que tant que les petits monstres verts ne nous envahiraient pas, notre opération était autant une cause qu’un commerce.
Alors j’ai autorisé tout ça.
Helga peut se donner cette image de personne à moitié cruelle si elle le veut. Je vais redoubler d’efforts pour préserver notre cœur.