« Je suis heureux de vous voir ici. Puis-je m’asseoir ? » dit l’homme.
Un bruit mièvre. Le jardin de pierres est présent. Il est présent.
Le Voyageur, un monarque dans le noir crépusculaire lugubre.
« Vous pouvez. » Osiris se relève.
« Restez. »
Osiris s’arrête. Il se retourne vers le Guide et la Lumière du Voyageur passe sur la teinte d’un blanc osseux de son masque. « Avez-vous besoin de quelque chose ? »
« Il y a tant d’activité dans la Cité. J’ai l’impression que nous n’avons pas parlé depuis fort longtemps. »
Osiris garde le silence. Il observe le Voyageur.
Il y a une pression intimidante.
« Qu’est-ce qui vous inquiète ? » Le Guide s’avance vers Osiris.
Osiris inspire rapidement. « Avez-vous lu mes rapports ? »
« Bien sûr. » Le Guide se relâche. « J’accorde de l’importance à votre conseil. »
« Nous étions si près. Un moment au mauvais endroit. » Osiris observe le Guide.
Ce dernier hoche la tête. « Oui. Mais la Lumière a guidé vos pas. »
Un nœud coulant attendant le moindre faux pas.
« Je n’ai pas vu le Voyageur aux Six fronts. »
Le Voyageur éclipse Osiris. « Et pourtant si, mon fils. Il était dans le feu qui a sauvé vos frères et vos sœurs. Dans les décharges cryo-électriques qui ont décimé leurs armées. Les boucliers violets qui ont maintenu la ligne… »
« N’idéalisez pas ce fardeau. Nous manions une arme. »
Le Guide secoue la tête. « La Lumière vous manie vous, Osiris. Vous êtes ce que vous faites d’elle. Une glorieuse extension de sa majesté, dans bon nombre de directions. »
Osiris fait les cent pas au rythme de ses mots. « Alors elle ferait mieux de me parler plus clairement. De mieux me diriger. »
Le Guide relève la tête. « Sans volonté ? Alors elle ne vaudrait pas mieux que les Ténèbres. »
« Je ne demande qu’à être guidé. C’est un jeu délicat auquel nous jouons. » explique Osiris, ébranlé.
Dans une attitude à nouveau royale, le Guide désigne le jardin de pierres. « Voudriez-vous vous asseoir avec moi ? »