Gahlran s’agenouilla devant son empereur dans une chambre d’or.
Toutes les surfaces reflétaient un éclat resplendissant qui l’aveuglait.
« Quel est cet endroit ? », demanda-t-il.
« Bien des choses. » répondit Calus, se prélassant la joue appuyée dans sa paume. « Cette chambre renferma un jour une enfant de l’Arche. La seule de son espèce à quitter les conduits interstellaires de son peuple. C’est également l’endroit où Valus Nohr obtint son bouclier au terme d’un combat éprouvant. Les Ombres furent projetées ici. L’histoire s’est écrite en ce lieu.»
« Projetterai-je une Ombre ? »
« Oui. Tu es né pour être un porte-malheur. Je cherche un commandant de la Ruche, mais ceux-ci ne se trouvent pas aisément. Voilà pourquoi je t’ai créé. »
« Les membres du Conseil affirment que la Ruche ne peut être contenue. Ils s’inquiètent. »
Calus leva un sourcil. « Qui parmi eux ? »
« Les conseillers Rahl et Verloren. »
L’empereur fit trembler la chambre en s’esclaffant bruyamment. « Tu n’as que quelques heures de vie, et tes mots ont déjà tué deux personnes. »
Gahlran réfléchit à la signification des propos de l’empereur.
« Tu vas me plaire. » reprit Calus en pianotant sur une commande dissimulée dans l’accoudoir de son divan.
Le plafond émit un bruit perçant en s’ouvrant tel un œil. Gahlran tendit le cou pour mieux fixer les deux conseillers qui descendaient en portant un énorme heaume en plaque depuis l’iris au-dessus de lui.
Il entendait une litanie de voix hurlant à son endroit et provenant de l’intérieur de la chose qui approchait lentement. Il pensa immédiatement à des avertissements, mais était incapable de comprendre le moindre mot prononcé.
« Qu’est-ce ? » demanda-t-il à l’empereur.
Calus termina le nectar royal contenu dans sa coupe avant de roter et de répondre : « Ta couronne. »
Gahlran pensa discerner une faible lueur violette provenant de l’intérieur du heaume à mesure qu’il se rapprochait.
« N’est-elle pas magnifique ? » demanda Calus alors que l’écho des voix se faisait de plus en plus bruyant.
« Non. » répondit Gahlran.
Il voulut s’enfuir en courant. Il essaya de se relever, mais découvrit qu’il en était incapable. Il était ancré au sol devant le trône de l’empereur par la volonté des conseillers.
« Je n’aime pas ça. » lâcha Gahlran.
« Ça, déclara Calus alors que les conseillers couronnaient Gahlran, c’est la raison même de ta naissance. »
L’intérieur violet masqua la vue de Gahlran.
« Qu’est-ce que l’on ressent ? » s’enquit l’empereur.
« La peur. » déclara Gahlran.
Calus avait sans doute répondu, mais Gahlran ne pouvait l’entendre à cause du brouhaha des voix.
Il découvrit soudain qu’il était à même de voir.
À travers des milliards d’yeux.
Et qu’il pouvait manger.
À l’aide de dents capables de consumer des systèmes entiers.
Il se trouva magnifique.