« Tout ce qui reste, c’est notre confiance. »
Je me rends dans ma tanière ossifiée et il est là.
Je le vois regarder par le côté, vers le Voyageur, la tête penchée. Il parle à voix basse, mais je peux l’entendre. Quiconque écouterait le pourrait.
Il attend une réponse et moi aussi. La curiosité et la crispation m’envahissent. Il se tient là, attentif, semblable à un chien fidèle. Je ne vois pas le temps passer, mais pour lui, les heures défilent en silence.
Je m’apprête à étouffer la voix de son Voyageur s’il lui répond, mais rien ne se passe. Il resserre sa prise sur la rambarde.
J’ai senti une chose bouger en lui et une nouvelle possibilité se présenter.
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J’appuie à nouveau contre les prises. Le filet craque doucement sous mon enthousiasme.
Quelqu’un approche et il tourne le dos à son Voyageur. Un échange se fait, obscurcit par l’ordure rubiconde.
Des rapports lui sont transmis. L’espoir suinte de ses pores. Il donne au messager un gage de sa confiance. Ce dernier l’accepte sans comprendre sa signification.
Il le regarde partir. Son centre est creux. C’est splendide.
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Je reviens prudemment.
Je ne le vois pas, mais je l’entends. Il parle à tous d’une voix lourde de douleur.
Je dois savoir de combien on m’a repoussé. Je cherche à l’atteindre, avec hésitation. Courage. Je pousse… et ne sens rien d’autre qu’une douce putréfaction.
Je délire de joie. Ils n’ont eu aucune réponse. C’était un réflexe, le spasme d’un simple muscle.
Un chant de joie s’élève en moi.
Maintenant.