Azirim

Légende 1 sur 17 de la série La Grande Chasse
 

Et lorsque le second solstice commença, de nombreux Éveillés et Ahamkaras vinrent à la Cité des rêves pour célébrer le plaisir fou d’être en vie. Ils arrivaient aux Jardins d’Esila, et Azirim fut le dernier d’entre eux. En le voyant atterrir, Esila s’adressa à lui : « Ah ! Quel culot ! Vous pensez vraiment avoir mérité le droit de festoyer dans cet endroit ? »

Et Azirim de répondre : « Je vous en prie, madame. J’ai fait le tour des mondes et parcouru les étoiles. Je cherche seulement à féliciter votre peuple. Si vous voulez bien m’écouter, je peux vous prouver que je n’ai nullement l’intention de gâcher l’indulgence dont vous pourriez faire preuve à mon égard. »

Esila répliqua : « Nous avons bien souvent écouté vos indiscrétions. Je sais ce qui arrive à ce qui vous est confié. Je n’ai besoin d’aucune garantie. »

« Mes indiscrétions ?, s’insurgea Azirim. Madame, j’admets volontiers avoir murmuré des vérités que vous m’aviez confiées pour tromper ceux qui souhaitaient me tromper. Mais ai-je déjà tourné mes crocs avides contre votre peuple ? Ai-je réduit en cendres votre confiance ? J’ai compris les erreurs qui étaient les miennes. Laissez-moi vous prouver que j’ai bel et bien changé. »

Bien qu’elle puisse noter une certaine hésitation dans le reflet d’Azirim, Esila ne pouvait résister à une histoire de rédemption. Elle étendit la main et adressa un signe clément à Azirim. «Joignez-vous à nous et réjouissez-vous. Mais tout d’abord, je souhaite entendre ce témoignage. »

Formellement invité, Azirim inclina la tête, dissimula un sourire et parla sur le ton déférent qu’Esila lui avait réservé. Il narra ses innombrables regrets quant aux nombreuses fois où il avait dupé les aimables marchands de la capitale d’Interamnia. Il rapporta l’acte désintéressé dont il avait fait preuve envers les Corsaires voyageurs qui n’auraient pu s’échapper de l’héliopause sans son aide. Il narra son voyage pour récupérer les eutech volés sur Pallas par les Déchus, ces grossiers pilleurs. Il nomma aussi ses amis et ceux qui avaient fait preuve de bonté envers lui. Des groupes les plus bruyants assemblés au-delà des jardins luxuriants d’Esila vint une assemblée de Tékiennes en formation et de jeunes Corsaires aux joues rouges. Ils s’assirent dans l’herbe humide et l’écoutèrent. À mesure qu’ils l’écoutaient et qu’Azirim parlait, son appétit se renforçait. La nuit tomba sur la Cité des rêves.

Azirim s’adressa à ceux qui s’étaient agenouillés, fascinés : « Venez, laissez-moi vous parler de l’extinction. Je vais vous chanter l’histoire des vies perdues dans ces merveilleux endroits, ô, mon auditoire. Chantez avec moi, chantez ! » Il les invita à se lever, et mena cette joyeuse cohorte loin des jardins d’Esila. Il déplia ses ailes et s’envola dans les cieux par-delà les falaises abruptes qui bordaient les jardins. Pour ceux qui regardaient en direction des jardins depuis de pavillons lointains, tout ceci ne semblait être qu’un défilé jovial, un chœur joyeux.

Ils n’entendirent pas la fin des chants.

Pas plus que les corps s’écraser contre le rivage en contrebas.

Ils ne virent pas non plus Azirim croître, rire et s’enfuir.

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Références