Le Confident : ISKA’AL DE FANTOR
Mon pauvre Iska, celui à qui j’achetais du thé ! Dans les premiers jours qui suivirent ma grande purge contre les Préteurs, je fis de Torobatl notre nouvelle capitale afin de nous rapprocher du peuple. Chaque jour, je paradais en public, achetant des choses aux pauvres, afin que tous voient que je n’étais pas intimidé et que mon appétit était toujours aussi grand. Au bout de ma promenade, je m’arrêtais au stand d’Iska pour renifler ses corbeilles de thés. Il écoutait mes préoccupations diverses, au sujet des domestiques que j’avais offensés, de mes petits maux, des allergies causées par l’air sec des plaines…
Un empereur se doit d’être excessif en toute chose ! Avec Iska, j’étais excessif par la confiance que je lui accordais (et par le prix que je lui payais grassement pour les pétales que j’utilisais pour le nectar) !
Iska était simple, et mauvais commerçant. Mais il n’a jamais trahi mes confidences.
On me dit qu’il tient toujours son stand de thé, au même endroit. On me dit aussi qu’Iska’al de Fantor vend son thé à une clique faisant partie de l’état major de Dominus, des soldats qui le taquinent en le surnommant « l’informateur impérial », comme si nous étions toujours en contact. Ses thés sont prisés dans les sauteries officielles. Il a pris la grosse tête, ce qui arrive quand quelqu’un ne se sent pas apprécié à sa juste valeur. Il fait comme s’il avait oublié notre amitié. Comme si rien n’avait changé.
Mon pauvre Iska doit mourir.
Donnez-lui des opiacés. Faites-le mourir dans la félicité. Je ne peux supporter l’idée que des tyrans déversent leur poison à ses oreilles. Je ne peux les laisser le posséder, mon pauvre Iska. Cela me brise le cœur. Je lui ai tant fait confiance.