Tyv Lucine se détache de la limite des arbres, suivie de six âmes. Elle repère la Lumière de Geppetto qui clignote à la tombée de la nuit. Son Spectre, Spectre, tournoie et scintille entre les mains d’un enfant qui les « conduit » vers leur destination. Le clair de lune inonde la vallée, mettant fin au noir total momentané survenant entre crépuscule et lever de la lune. De la rosée recouvre les herbes qui frottent ses bottes. Ils approchent. Les Spectres se dissipent.
Marin se tient droit, calme ; une arme au long canon fixée sur un bipied orne ses épaules.
« Merci pour ça, Marin. » Tyv parle à voix basse. Elle lui tend une main assurée.
Il hoche la tête et lui serre la main. « C’était l’idée de Saint. »
« C’est ce qu’il vous a dit ? » Elle regarde Saint qui accueille les réfugiés et les fait entrer dans le transporteur.
« Peu importe qui a eu cette idée. » lâche Saint-14 en la prenant dans ses bras.
Marin se redresse et regarde derrière eux. Des fusées éclairantes s’échappent de la canopée, redonnant au ciel une teinte bleu pâle. Des cris et des lumières frénétiques émanent des arbres. La couverture nuageuse plonge la clairière dans l’obscurité.
Marin change de position. « Tyv, faites décoller cet engin. Saint, avec moi. »
Marin plante le bipied dans l’herbe. Saint transforme sa Lumière en une large barricade faisant face à la limite des arbres.
« Partez maintenant. Le trajet sera long. Nous nous assurerons que vous n’êtes pas suivis. » Saint cale son fusil contre son épaule.
Tyv hoche la tête et court vers le cockpit.
Saint fait un signe alors que la soute se referme.
Des hurlements proviennent de l’orée. Des Déchus pénètrent dans la clairière.
Marin enclenche le répéteur. « Allez, venez. »
Le moteur du transporteur démarre. Il rugit et libère une flamme aussi brillante que bruyante. Une balise. Un souhait.
Une cacophonie se fait entendre au loin et la canopée se courbe sous l’effet de la chaleur alors qu’un obus rouge strident traverse la clairière.
Le transporteur est annihilé.
Tyv vole en éclats, son corps en ruine glisse sur l’herbe.
Un choc assourdissant déchire la nuit. Un seul cri en émerge :
« TÉNÉBRION ! »