Soeurs

Légende 1 sur 21 de la série Le retour de Saint-14
 

Les trois sœurs arrivèrent sur Mercure.

Elles cherchaient la Forêt infinie, et à travers elle, un chemin vers le salut de leur peuple : un avenir simulé où il était libéré des Cabals.

À la place, elles trouvèrent autre chose.

« De petites perturbations », déclara Ozletc, la sage, la plus âgée des trois. « De petits courants dans cette ligne temporelle. Les vois-tu, ma sœur ? »

« Je peux les sentir, confirma Tazaroc, la deuxième née, la plus affamée des trois. Je ressens les bords. »

Niruul la troisième, la plus silencieuse de toutes, tendait la main pour palper l’air. « Tout comme moi, répondit-elle. Et quelque chose d’autre. La source est masquée. La technologie est humaine, mais raffinée. Étonnamment raffinée même. »

« Désactive-la », déclara Tazaroc, qui était impatiente. « Cela fuit. Je cherche à voir cette fuite. »

Niruul agita les doigts sur la manche de son habit. Elle travailla une journée et une nuit, bien que le passage du temps soit masqué par la lumière perpétuellement aveuglante de Mercure. Pendant ce temps, elle pouvait ressentir l’impatience nerveuse de ses sœurs.

Un étrange appareil se matérialisa en scintillant autour d’elles. Elles observèrent la hauteur d’une immense flèche dorée.

« Elle murmure », déclara Tazaroc.

« Alors bouche tes oreilles », répondit Ozletc. « Voyez-vous le potentiel de cet appareil ? »

« Le chaos », proposa Niruul.

« Non », coupa Ozletc. « Une opportunité. Voyez-vous comment il étire le tissu de notre temps ? Voyez-vous les coutures ? »

Ces dernières étaient solidement cousues, mais une main habile pouvait les trouver. Une main habile pouvait même les découdre une à une. Les trois sœurs le sentaient.

« Il faudra du temps pour activer la machine », déclara Niruul. « Quelqu’un l’a protégée contre toute intervention. »

« Nous aurons le temps », répondit Ozletc. « Nous ouvrirons le passé et modifierons le destin de Ghaul, anticiperons ses erreurs, saperons les efforts de ses conseillers. »

« Pourquoi ? », s’enquit Tazaroc.

« Parce que cela pourrait jouer en notre faveur », expliqua Ozletc. « C’était un idiot, mais il pouvait être manipulé. Afin de le mener à une chute plus avantageuse. »

« Mais pourquoi ne pas revenir plus en arrière ? », interrogea Tazaroc, impatiente. « Pourquoi ne pas anéantir le crâne du jeune dans la fosse, avant qu’il n’en sorte pour monter sur le trône ? »

« C’est risqué », protesta Niruul en secouant la tête. « Pourquoi ne pas aller dans l’avenir alors ? Et faire en sorte que notre attaque ne puisse pas être prévue par les Gardiens. »

« Les prédictions ne sont pas leur fort », expliqua Tazaroc.

« Pourtant, ils ont construit ceci », répliqua Niruul.

« Mes sœurs », les coupa Ozletc. « Inutile de nous disputer. Cet appareil nous permettra de parcourir l’avenir et le passé. Nous choisirons alors le chemin le plus avantageux, quel qu’il soit. »

Pendant des heures, des jours et des semaines, les sœurs œuvrèrent sur la machine. Pendant que ses sœurs la défendaient contre les Vex, Niruul modifia l’appareil afin de le plier à leurs désirs, et la force de leurs volontés combinées lui donna vie.

Autour d’elles, le temps se déchirait aux coutures. Des fenêtres sur d’autres mondes, le véritable passé de Mercure et son avenir, s’ouvrirent devant elles. L’appareil se trouvait au centre de tout, tel un point d’ancrage. Et le long des lignes du temps erronées, où le passé, le présent et l’avenir se rencontraient, les Vex étaient déchirés en deux, découpés par un couteau d’énergie temporelle pure. 

Elles sondèrent leur nouveau royaume : un passé, un présent et un avenir sensibles à leurs manipulations.

« C’est si limpide », lâcha Niruul avec un grand respect. « Un aperçu clair de ce qui était et sera. »

« Rien à voir avec les divagations d’un appareil fou, comme l’OXA », confirma Tazaroc.

Elles partagèrent une sensation de possibilités infinies et goûtèrent au potentiel de la réussite, puis de l’échec. Ensemble, elles absorbèrent ces sensations et se prémunirent contre elles.

« Le passé et l’avenir sont entre nos mains, mes sœurs », déclara Ozletc. « Voyons voir ce qu’ils nous réservent. »

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Références