UN PEU PLUS TARD, VERS LA FIN DE L’ÂGE NOIR.
« Vous semblez bien trop obsédé par ces « Esprits tutélaires » », déclara Timour à Felwinter.
Ils marchaient depuis des heures, entrant et sortant du territoire des Déchus. Timour n’avait fait aucun effort pour les éviter, et Felwinter le suivait. Il ne savait pas où ils allaient. Timour n’avait pas cessé de bavasser du trajet. Il avait demandé à Felwinter ce qu’il savait sur l’ARIA, ou ce que l’Esprit tutélaire pouvait avoir affaire avec. Heureusement, Felwinter avait déjà une réputation de grand taiseux.
Il feignit l’ignorance quand Timour l’interrogea sur les Séraphins. Il était assez facile d’agacer Timour de la sorte. C’était une bonne chose, cela permettait à Felwinter de se sentir toujours en contrôle.
Alors qu’ils éliminaient une autre grappe de collecteurs, Felwinter recula et laissa Timour se charger du plus gros des ennemis. Lorsque ce dernier reprit la parole, sa voix débordait d’une passion et d’un enthousiasme que Felwinter ne pouvait sentir.
« Vous vous êtes déjà demandé ce qui vous appelait dans ce vide de la mémoire où la frontière du passé infeste votre présent ? » lâcha Timour entre deux respirations.
Felwinter était dans l’expectative. Il sentait le monde se resserrer autour de lui, comme si plus rien d’autre n’existait que son pistolet dans sa main. Il entendit son Spectre lui murmurer dans le communicateur de son casque : « Attends. »
Timour avançait imprudemment. Il attendait de Felwinter qu’il couvre ses arrières, et c’est ce qu’il faisait. Il le regardait marcher. Et regardait son Spectre aussi. Les Déchus ne manquaient pas par ici. N’importe quoi pouvait arriver à l’un d’eux. Il serait aisé de raconter cette histoire en rentrant.
« Ne tire pas des conclusions hâtives », murmura à nouveau son Spectre alors qu’ils prenaient du retard, mais Felwinter nota de l’incertitude dans sa voix. Il ajusta la prise sur son pistolet, levant légèrement la main…
… puis la rabaissa alors que Timour faisait demi-tour. « C’est un truc dont vous ne pouvez pas vous défaire, non ? Eh bien, peut-être que vous le pouvez. »
Felwinter restait inexpressif. Son doigt tressautait sur son arme.
« Vous pensez que je suis l’un d’eux ? demanda-t-il à Timour qui s’était à nouveau retourné pour ouvrir la voie. Que tous les Exos en sont ? »
« Seigneur Felwinter, je sais qui vous êtes », lâcha Timour dans un éclat de voix. Felwinter leva à nouveau son pistolet. Un effroi familier s’emparait de sa poitrine. Il vit son avenir changer. Une nouvelle fois. Il se vit prendre la fuite. Une nouvelle fois.
Il était si fatigué de courir.
Le pistolet était au niveau de la nuque de Timour.
Ce dernier eut un sourire dans la voix en reprenant la parole. « Je sais qui vous êtes, reprit-il. Et vous n’êtes pas un Esprit tutélaire, ni même l’une de ses marionnettes. »
Le bras de Felwinter retomba à son flanc, comme si toute son énergie s’était échappée d’un seul coup. C’était impossible, mais il se sentait presque étourdi. Son Spectre lui murmura à nouveau quelque chose, mais il ne l’entendit pas, soulagé qu’il était.
« Venez », reprit Timour. Il marchait avec l’arrogance d’un homme qui ne sait pas qu’il est passé à deux doigts de la mort. « Vous devez voir cela. »
Cette légende est un bel exemple du charme du lore, qui évolue au fil des années. Elle a été publiée à l’occasion de la saison des Dignes (mars 2020) et vient compléter la carte de grimoire précédente, sortie avec Rise of Iron (septembre 2016), en apportant le point de vue subjectif de Felwinter.
Il est par ailleurs intéressant de constater que Felwinter était près à tuer l’un de ses amis pour garder secret le fait qu’il était l’un des Séraphins de Raspoutine.