Mémoire de Spectre : les Déchus 3

Légende 5 sur 20 de la série La trahison de la Maison des Loups
 

Demandez-leur notre nom. Demandez à vos maîtres comment ils vous appellent. Demandez à ces perfides Éveillés, ceux-là même qui font des rêves extraterrestres ! Demandez-leur notre nom !

Les Déchus. Ils nous appellent les Déchus.

Écoutez-moi, Loups, victimes du Tourbillon ! Je suis le fantôme de Cybèle, la griffe rusée d’Iris, celui qui a été trahi, mis aux fers et encrypté par la Reine, revenus des Ténèbres pour nous sauver ! Plus question de Kalls et des Maisons. Les jours de servitude et d’avilissement sont terminés. Une nouvelle ère commence ! Un nouveau départ ! Et nous partirons tous !

Je suis le premier, le Kall de tous les Kalls, et le dernier, le Rebut de tous les Rebuts. J’ai tout conquis et j’ai tout subi. Je suis chacun de nous et nous sommes tous moi. Je suis celui qui nous unit, dans la fureur, dans le désespoir, dans les vies gaspillées. Nous parlons en notre nouveau nom.

Souvenez-vous de l’espoir qui nous a réunis ici. Quand, avant le Tourbillon, l’éther flottait librement, et nous étions les souverains de notre propre destinée. Nous voulions plus que les simples richesses. N’oubliez jamais que nous sommes venus vers cette étoile avec espoir. Un espoir qui nous a été refusé ! Souvenez-vous de la Cité qui tue nos enfants, de la Cité qui ampute, de la Cité qui a accaparé la grande machine qui aurait pu nous sauver. De la Cité qui envoie ses goules assassiner nos Haut serviteurs, consumer notre éther et laisser nos jeunes mourir d’étouffement. Maudite soit cette Cité. Elle le mérite.

Nous avons uni nos forces pour prendre cette Cité et nous sauver de l’extinction, avec l’idée que nous serons une tempête, un Tourbillon, un voile ténébreux. Car on ne peut arracher que le malheur aux Ténèbres, et nous refuserons de nous laisser arracher quoi que ce soit. Nous avons uni nos forces pour combattre notre crépuscule, Rois et Diables et Hiver, tous. Tous sauf nous, les Loups. Pourquoi ? Pourquoi n’étions-nous pas à la Trouée ?

À cause du Récif. De la Reine. Ces esclavagistes qui nous ont montés les uns contre les autres et nous ont contraints à une vie de servitude. Ces sournois misérables, ces fantômes égocentriques et désespérément froids, ces bouchers de Charybdes ont voulu nous plonger dans la discorde. Elle s’est jouée de nous. Elle a voulu être notre Kall.

Nous avons été dupés, ô enfants du Tourbillon. Nous nous battions au moment précis où nous devions être unis. Je combattais mes rivaux quand je devais combattre la Reine. Mais je me rappelle maintenant que nous sommes tous les mêmes, Rebuts, Capitaines, Kalls, et que nous sommes un peuple irréductible. Je suis le Kall de tous les Kalls parce que je convoite tout ce que nous avons perdu. Je suis le Rebut de tous les Rebuts parce que je sais qu’un Rebut cherchera toujours à reprendre ce qu’il a perdu.

Demandez-leur mon nom ! Demandez-leur à coup de lame éclair et de lance-shrapnels ! À bord de Skiffs et de Ketchs ! Demandez à vos maîtres de quel droit ils vous commandent, vous qui, héritiers du Tourbillon, avez survécu à des siècles de voyage ! Demandez à la Reine son trône !

Demandez-leur notre nom. Et écoutez-les répondre : vous êtes Skolas, Kall de tous les Kalls. Vous n’êtes plus des Déchus.

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Références