Derniers enregistrements de la station lunaire : Le Point du jour
Les tunnels étaient sûrement dus à un phénomène géologique, ça ne faisait aucun doute. Du moins, c’est ce que l’on pensait pendant les douze premières heures de notre seconde expédition sous la surface lunaire, jusqu’à ce que l’on trouve les ossements. Une longue cage thoracique qui faisait la taille du fuselage d’un vaisseau .
Quant aux créatures elles-mêmes, nous les trouvions environ cent mètres plus loin. On pourrait appeler ça des vers, si on ignore les écailles, les dents, et le fait qu’elles se déplacent plus rapidement qu’un homme en pleine course .
C’est Jun qui est mort en premier. Puis, Luli l’a suivi. Des morts atroces. Des morts qui ne valent pas le coup d’être racontées tandis que j’erre dans ces tunnels, égaré, et que je me prépare à manquer d’oxygène.
Je me demande si je souffrirai. Lorsque je trouverai l’ultime sommeil. Le sommeil qui n’en est pas un.
Mais sur la Lune, rien ne correspond vraiment au nom qui lui est donné. L’avez-vous déjà remarqué ? La Mer de la sérénité. L’Océan des tempêtes. La Mer des pluies. Mon sommeil sera donc approprié.
Mais les choses que nous avons trouvées dans ces tunnels méritent des noms qui correspondent exactement à ce qu’elles sont, et c’est donc comme ça que je vais les nommer. Si cet enregistrement est découvert un jour, notez-les donc ainsi.
Le Cercle des ossements. La Caverne de la nuit.
Il serait impossible de traverser ces sombres tunnels sans y perdre quelque chose. On dit parfois qu’en regardant l’immensité de l’océan, on réalise à quel point on est minuscules. En marchant dans ces grottes, on réalise à quel point notre réalité est fragile.
Il n’est pas possible de redevenir ce que l’on était, de continuer à croire que la science existe et que l’univers est fondamentalement rationnel. Pas après avoir vu ces vers .
Mais maintenant que je suis là, au fond du gouffre, j’ai aussi découvert l’autre face du cauchemar . Comme si j’étais sorti d’un rêve pour réaliser que j’étais toujours endormi. Je commence peut-être à manquer d’oxygène. Oui, je le sens. L’hypoxie s’installe. Ce que j’ai en face de moi me ressemble : une chose qui ne vit qu’à moitié. Un placenta fossilisé. Une tumeur qui palpite.
Reposant dans un cratère aménagé par ses soins. Sombre, irrégulier. Alors, je reste assis ici, et je m’allonge. J’aperçois une ouverture et, au-dedans, les œufs d’un blanc funèbre qui contiennent les cauchemars du futur .
Je vais manquer ça, et j’en suis bien content.
Ce qu’il y a de fantastique avec cette légende, c’est qu’elle provient du Grimoire de Destiny 1 : c’est une carte qui remonte à septembre 2015 et la sortie du Roi des Corrompus. Et pourtant, c’est la conclusion des aventures de Jun Han, Lulli Henson et de la capitaine Hou Ye, les trois chercheurs qui sont sortis de la station et qui ont cherché à sonner l’alarme (une histoire racontée à la sortie du Bastion des Ombres, en octobre… 2019).
La légende révèle que ces chercheurs se sont aventurés dans les tunnels sous la lune et ont rencontré de terribles créatures. Ces créatures, on a de bonnes raisons de croire que ce sont des membres de la Ruche : les lieux mentionnés (Cercle des Ossements, Caverne de la Nuit) sont des lieux qui dans le jeu sont fortement associés à la Ruche ; et surtout, Hou Ye fait le rapprochement par deux fois avec des « vers » – or la Ruche est non seulement effectivement d’aspect physique semblable à des vers, mais aussi liée aux larves de vers des Dieux-vers.
Si la fin de la légende peut faire penser aux cauchemars et à la pyramide du Bastion des Ombres, il est plus vraisemblable que la capitaine se trouve face une construction de la Ruche. D’autres sources du lore (missions de patrouille de Toland) suggèrent que la Pyramide s’est écrasée sur la Lune pendant la Chute, et non avant (et on se situe ici juste avant). En outre, « les œufs d’un blanc funèbre » peuvent s’apparenter aux œufs des prêtresses, qui donnent naissance aux engeances de la Ruche.
Alors, qu’a vu exactement Hou Ye ? On ne peut en être totalement sûrs, mais il y a de grandes chances que ce soit un nid de la Ruche 🙂