Laissez le moteur tourner.
Si Thalia est l’éclair, Ayrin est le tonnerre. Vous l’entendez arriver, et c’est ça qui lui plaît. Il a un bombardier lourd rafistolé qu’il a extrait d’un tas de débris en feu. Le moteur fait TUT-TUT-TUT-TUT, un de ces fichus bruits de percussion, et c’est comme tous les monstres, mon gars, le bruit que fait cet engin te glace le sang.
Alors pendant qu’Otto et moi on charge la marchandise à l’arrière, Thalia bondit dans le siège passager.
Les imbéciles qui nous poursuivent sont des bébés. C’est ça le truc avec les Seigneurs de guerre, à part nous, il n’y a pas un Spectre à l’horizon, que des civils qui arrivent à peine à tenir leurs flingues sans se pisser dessus, qui sont pas fichus de viser correctement et qui se mouillent pour de sales types à la vie éternelle. De vrais génies.
Bouhou.
Vous savez quoi ? On a eu faim, nous aussi. On est morts de faim, nous aussi. Alors quand il y avait de la bouffe, on la prenait, et si les Seigneurs de guerre mettaient de la chair à canon sur notre chemin pour nous ralentir, c’était pas de ma faute. C’était pas de notre faute.
Enfin, Ayrin. Il se tient dans le poste de pilotage sans toit et zou, le petit diable sur son épaule, une petite boule d’énergie cryo-électrique crépitante, crache des balles derrière lui. Il décime les idiots qui courent droit dans la ligne de tir, de vrais moutons. Ayrin n’a même pas besoin de tirer, mais il le fait quand même. Pour s’amuser.
Quand il a assez fait de tir au pigeon et qu’Otto et moi sommes à bord, il laisse son petit ami bleu s’occuper du reste et nous arrache de là plus vite que si on avait le feu aux fesses.
Vous voyez ? La machinerie était bien huilée. Une équipe idéale. On aurait pu continuer comme ça pendant des siècles.