Le passage entre la vie et la lumière, entre la mort et la destruction.
C’était un homme.
Il avait été un autre homme. Et un autre homme avant ça. Encore bien d’autres hommes avant ça. À combien de vies il en était désormais ? Combien de morts ? Il en était venu à penser que chaque fois que son Spectre le ramenait à la vie, il revenait changé, un nouvel homme. Mais un nouvel homme qui portait le fardeau de toutes ses vies précédentes. L’une après l’autre, elles pesaient sur ses épaules ; un poids que seul Atlas pouvait comprendre.
Mais il était un Titan.
Des muscles, une volonté et du métal. Une montagne de tout cela aux dires de certains. Il n’existait aucun fardeau qu’il ne puisse porter. Voilà ce que l’on racontait. Il hochait la tête et rejetait les adulations d’un geste amical de la main. Il rentrait dans ses quartiers toutes les nuits, dans cette moitié de tour qu’il avait réclamée, et s’allongeait dans son lit, incapable de rester immobile alors que des millions d’insectes parcouraient ses muscles, engendrant des mouvements incessants et exaspérants que toute sa force et sa volonté ne pouvaient empêcher. Une agitation insurmontable qui le privait du petit répit qu’il pouvait trouver dans son sommeil empli de cauchemars.
Pourtant, c’était un champion. Quelqu’un capable de diriger. Le brillant exemple de tout ce qui était bon et durable.
Il y avait une Cité à construire. Une espèce à protéger. Une extinction à empêcher. Des envahisseurs à repousser. Des guerres à mener. Des vies à vivre. Des morts à endurer. Qu’avait-il dit un jour à l’un des nouveaux ressuscités ? La Lumière brille davantage chez ceux qu’elle consume ? Oh, il se sentait si consumé.
Il se leva de son lit et traversa la pièce en direction de la fenêtre qui encadrait l’entité qui l’avait maudit. Bien qu’elle avait choisi de ne pas lui parler, il savait ce qu’elle voulait. Et le seul moyen de mettre un terme à sa malédiction, c’était de lui donner ce qu’elle voulait, de détruire ce qui voulait la détruire.
Peut-être ensuite pourrait-il dormir.