« J’ai entrevu la fin de toute chose. Les novénaires, la Reine des Éveillés, ce petit homme triste sur son bateau bancal. Ils croient l’avoir vue eux aussi. Ce qu’ils ignorent les détruira. »
– Empereur Calus
MCXLII-II (1142-2), à venir.
Chronique consignée par le sous-scribe Shipal
C’est ainsi que l’Empereur de toutes les joies mit tendrement à mort son Ombre de la Terre bien-aimée.
À la fin de toute chose, il ne resta que l’Empereur Calus et l’Ombre de la Terre dans l’Œil de la Tempête qu’était le Rien. Les neutrinos restants dans la phase horaire pouvaient se compter sur les doigts d’une main humaine.
L’Ombre de la Terre s’agenouilla alors devant l’Empereur, et d’une voix emplie de courage et de tendre dignité, elle s’adressa à lui : « Cher hôte bon et généreux, ce que vous espériez est advenu. Faites-moi l’honneur de vous accorder votre dernier vœu, qui est aussi le plus authentique. »
Les yeux baignés de larmes, l’Empereur Calus prononça les dernières paroles qu’un être vivant n’adressa jamais à un autre : « Je te l’accorde. »*
Notre clément Empereur terrassa alors son Ombre des Ombres, la Jeune griffe, Bourreau d’Oryx, et Ombre de la Terre.
C’est ainsi que l’Empereur se réserva le droit d’être le dernier. Et lorsque vint la fin, il l’attendit avec la dépouille de l’Ombre dans les bras, son ventre grondant d’un rire joyeux.
*Comme il n’y aura plus de scribe à cette date ultérieure, le dernier scribe devra consulter l’Empereur Calus afin de connaître les propos envisagés par notre souverain. Cette note doit être supprimée à une date aussi proche de l’actualisation de cette histoire que possible.