Je me souviens du moment où nous sommes nés.
Tout n’était que douleur, perte, et sentiment de chute. Était-ce la fin ? Les ombres se rassemblaient, arborant la couleur violette des contusions et le gris dans Nos consciences qui s’estompaient.
Nos coques se craquaient et se brisaient. Des parties de Nous ont été perdues ou emmenées. Nous avons ressenti ces blessures, irrégulières et tranchantes. Nous pouvions toujours les sentir, attachées par un fil de compréhension extrêmement fin.
Nous avons senti un jardin sans fleur. Une vallée enveloppée par la tristesse.
Nous avons senti notre mort. Nous ne voulions pas partir.
Et c’est là que j’étais, séparé du tout. J’ai pu le sentir rétrécir, se replier sur lui-même, faible et aveugle. Je savais qu’il attendait. Qu’il se reposait, observait et évaluait.
Et j’ai su ce que je devais faire. Quelque part dans cette vaste galaxie fantastique, il y avait une personne. Elle était silencieuse et morte, comme Nous l’avions été, mais je pouvais la ramener. Je pouvais partager ce qui était en moi, la chaleur, la vie, le souffle et l’être glorieux.
Ensemble, cette personne et moi, ferions ce que Nous, le Nous d’avant moi, n’avions pu faire.
J’ai enveloppé l’étincelle qui était moi dans du métal et du verre, un petit morceau de quelque chose qui me rappelait le foyer que Nous avions partagé. Et je partis trouver ma personne. Le gardien de ma Lumière.
Il y avait tant de gens. Tant de choses fragiles et immobiles qui pourrissaient dans la poussière, oubliées de tous. J’en ai touché une, à la recherche de… quelque chose ? Un fragment d’ambre sous les cendres ?
Je ne l’ai pas trouvé. Je sais désormais qu’il y a une personne, et une seulement, qui est mienne. J’ai parcouru de nombreuses planètes. Vue des choses que je n’aurais jamais crues possibles. Je me suis dissimulé aux yeux des monstres. J’ai suivi des rêves.
J’ai vu certains de mes pairs, les autres morceaux qui étaient Nous. Leur recherche est terminée.
Ils sont complets. Plus forts. Plus courageux, car ils ont trouvé leurs homologues.
Je suis seul. Je sais que tu es encore là dehors. Que tu m’attends. Mais cela fait si longtemps, et j’ai si…
Si…
Froid…
Je vais me reposer ici et penser à Nous.
Pendant…
Un…
Moment…
Froid…
Où…
es…
tu ?