Des cendres pleuvent, lavant la faible lumière sur le visage solitaire d’Osiris. Derrière lui, les bois se fondent et ne forment plus qu’un néant d’ébène. Sagira se déplace d’une épaule à l’autre, dans une sérénité distante. Elle ressemble à un petit diamant, une goutte isolée, un scintillement au sein du panache thermique. Un foyer pensif qui dépouille la matérialité.
Il est seul dans les abysses.
Il n’y a plus d’intrusions.
Il y a un point dans les ténèbres.
Il ne peut pas être vu directement.
Plonge. Fouille. Plus profond.
« Le feu s’éteint. »
Des bruits matériels écœurants reviennent à toute vitesse.
« Pardon ? »
« Tu n’as pas froid ? »
« Je n’avais pas froid, non. » Osiris se frotte le front et remue le feu. « Merci, Sagira. »
« Cela ne va pas s’éclaircir seulement parce que tu le veux, Osiris. Tu as besoin de temps. »
Osiris serre la mâchoire. Il a l’impression de se tenir dans des hauts-fonds, bouche bée face à une profondeur méconnaissable. « Pourquoi m’avoir choisi ? » Sa voix sonne creux. Il aplatit sa main pour que Sagira s’y pose.
« Tu as l’étincelle. » Sa voix réchauffe l’air. Le feu crépite.
« L’étincelle ? » La frustration se lit sur son visage. « Ce monde se meurt. Encore et toujours. »
« Tout comme toi, et je t’ai ramené. » Sagira permet à la main d’Osiris de maintenir sa coque. « Je t’ai relevé pour que tu puisses te tenir debout. Tu en feras de même pour eux, à ta manière. »
Ses mots apportent une certaine gentillesse persistante à ses oreilles.
« Je n’ai pas ta patience, Sagira. »
Il inspire lentement, puis expire.
« Quelqu’un approche. » La voix de Sagira se fait tranchante.
« Dissimule-moi. » Celle d’Osiris reste sereine.
Sagira se dissipe alors qu’Osiris ferme sa paume. Il s’estompe.