Cadeau et touche de gris

Légende 8 sur 8 de la série L'avertissement du Renégat
 

Ce pistolet est venu à vous ? Est-ce qu’il est agréable à porter ? Peu nombreux sont ceux qui peuvent allumer son feu, mais toute personne qui renaît dans la Lumière peut invoquer son nom. C’est là un secret que je me dois de garder. Sachez simplement que vous l’avez véritablement mérité. Le revolver que vous tenez est à vous, mais ce n’est pas une réplique, c’est le cadeau d’un ami.

Je traque des agents des Ténèbres depuis plus longtemps que je ne daigne m’en souvenir. De mon enfance à maintenant, par intermittence, et c’est ce qui me définit. La volonté qui m’anime est depuis fort longtemps limpide : courez après les ombres et vous abandonnez votre avenir, recherchez les ténèbres et je mettrai un terme à votre existence. Cela n’a rien de personnel, plus maintenant, même si cela a débuté ainsi et cela l’est resté jusqu’au jour où je me suis tenu sur une crête isolée. Vous connaissez l’histoire maintenant, la ballade de Jaren Ward et de ses Dernières paroles, de Dredgen Yor et Palamon, Durga, Velor, le Canal nord, Thalor et Pahanin, notre traque et la mort de Jaren, la Crête de l’infortune et ma confrontation finale avec l’homme qui voulait être monstre. C’est une longue histoire et je n’ai pas envie d’y revenir. Plus maintenant. Les chapitres sont anciens. Mais nous en écrivons un nouveau, vous et moi. Mon dernier acte et un début inattendu pour vous.

Ma vie a toujours été composée d’absolus. Il y a la Lumière et les Ténèbres, et je me suis fait un point d’honneur à repousser la corruption murmurée par les ombres. Je n’ai découvert aucun juste milieu, même si j’ai peut-être toujours su son existence. J’ai aussi vu de nombreux « héros » tenter ce sinistre destin et les terribles conséquences dues à leur ignorance, leur orgueil et leur égoïsme. J’en ai abattu beaucoup, bien plus qu’on ne le croit. Bien plus que je n’en avouerai jamais. En vous voyant, en vous observant, je ne vois aucun mal dans mes actions passées. Mais je sais désormais que mon hypothèse centrale, ma croyance fondamentale était erronée.

Pour moi, il n’existait que le blanc et le noir, le bien et le mal. En vous, je vois la Lumière aveuglante, un héros parmi les héros. Je vois l’espoir que vous inspirez qui transparaît.

Mais  je vois peut-être également, pour la première fois, une touche de gris .

Et avec lui, la fin des derniers sacrements et des dernières paroles.

– S.

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Références