J’ai traqué des Gardiens, vous le savez. J’ai traqué des Gardiens qui empruntaient le chemin qui est à présent le vôtre. Pas le même, car il était leur, mais un similaire, en quelque sorte. Certains ont compris leurs erreurs avant d’autres. Je ne suis pas un meurtrier, mais j’ai dû sortir les armes lorsque c’était nécessaire. Je préfère d’autres alternatives, des mesures moins définitives, mais j’ai découvert que la plupart de ceux qui choisissent cette vie, une vie passée à la recherche des réponses engluées dans les ombres, ne comprennent que rarement la portée de leurs actes. Peu y réfléchissent, et peu les comprennent véritablement. J’ai vu les dégâts provoqués par ceux qui tentaient de contrôler l’incontrôlable. Je ne permettrai pas qu’une telle situation se reproduise. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour m’opposer à la corruption et défier tous ceux qui accueillent les murmures.
Et pourtant, nous voilà. Vous, un Gardien digne des plus grands éloges, dansant toujours plus près du bord de l’abysse. Et moi, qui m’érige contre tous ceux qui voudraient tenter un tel destin. Pourtant, pour la première fois, je n’ai pas fait mine d’arrêter la musique.
Une nouveauté existe.
Le fait que vous et moi puissions partager ces mots est inédit. Il y a quelque chose en vous, quelque chose qui vous concerne.
Ce n’est pas simplement du courage, je l’ai vu se déployer et s’enfuir. Ce n’est pas simplement la force, les plus grands sots que j’ai connus étaient également les plus grands guerriers. Vous faites preuve de curiosité, mais elle n’est pas pour vous une arme, c’est un outil. Et là, à la jonction du courage, de la force et de la curiosité, je découvre une chose qui mérite de courir un risque.
Alors allons-y. Battez-vous pour la Lumière et défiez les ténèbres. Je vous observerai le cœur empli d’espoir.
Mais sachez que si vous déviez, si les conséquences de vos pas entraînent des innocents dans votre sillage, que votre chemin dévie aveuglément vers la perversion de votre volonté et que les murmures deviennent votre vérité, alors je viendrai y mettre un terme. Et à votre vie également. Mais vous saviez sans doute déjà que j’allais dire cela.
Comprenez que ce n’est pas une menace, c’est simplement ainsi que vont les choses.
– S.