Yor n’était pas plus rapide que Jaren, et Jaren n’avait pas manqué sa cible. Yor était simplement plus que Jaren, il était autre. Il fallut le feu pour le détruire, et Jaren, malgré tous ses dons, ne possédait pas ce feu. Aucun de nous ne l’avait. Je ne prétends pas avoir été le premier.
Les leçons que j’ai apprises, la capacité que j’ai développée à incendier ma rage pour la canaliser à travers mon arme ? Elles me furent toutes enseignées sur une planète chaude et hostile. Avant l’exil d’Osiris. Avant la Trouée. Mon pèlerinage a été long, douloureux et motivé par ma haine. Mais c’était là l’objectif. Le talent n’était pas suffisant, l’assurance n’était pas une arme, pas face aux terreurs des Ténèbres. Yor le savait et il comptait dessus.
Alors lorsque Jaren l’a affronté, Yor l’a laissé tirer en premier, avec joie. Mais les plombs de Jaren étaient insuffisants. Et lorsque Yor répliqua, sa maladie consuma la Lumière de Jaren et fit de moi un orphelin, une nouvelle fois. La tristesse et la colère m’accablèrent à nouveau. Yor voulut me donner la possession de Jaren pour me tenter, et cela fonctionna. Lorsque je tins enfin à nouveau cette arme dans ma main, ce fut le catalyseur qui me poussa à trouver un moyen de venger tous les êtres que j’avais aimés. C’était une quête égoïste.
Mais quand Yor et moi nous rencontrâmes enfin sur une crête montagneuse plate, j’étais prêt et lui aussi, je le découvrirais plus tard. Il était prêt à m’offrir son ultime leçon, son dernier cadeau. Le dernier coup de pouce vers ma véritable destinée .
Celle qui créerait un désaccord entre les héros et moi sur la manière de s’assurer d’un nombre plus réduit de monstres dans nos mondes. C’était une voie que j’étais certain d’emprunter seul, jusqu’à ce que je découvre d’autres personnes, jusqu’à ce que je fasse confiance.
Jusqu’à ce que je découvre une valeur dissimulée dans tout ce que j’avais toujours craint…
Les Ombres.
– S.