Dans le jardin

Légende 7 sur 14 de la série L'incursion d'Uldren dans le Jardin Noir
 

Uldren et Jolyon se blottissent l’un contre l’autre, tremblant de froid sous la canopée de langues blanches. Ils doivent affronter une pluie battante. Uldren est incapable de dire d’où elle vient exactement, quelque part dans la brume verte ? Mais il pleut sans cesse, et Jolyon et lui lèvent la tête pour boire, au fond d’un gouffre entre deux champs de fleurs, là où la surface immaculée du Jardin se divise en puanteur tropicale.

« Tout pousse ici, murmure Jolyon, regarde tes ongles. »

Uldren étudie sa main. Il perçoit une terrible image de ses ongles se développant en boucles descendantes serrées qui s’enroulent sur ses doigts afin de terminer cet ignoble circuit de retour vers leur racine. Cette vision ignoble est pourtant fantastique, transgressive, semblable au cri d’un nouveau-né. Elle lui parle de choses inédites et secrètes qui se déroulent ici. « Ils sont sales, dit-il, mais j’espère que tu me pardonneras pour ça. La pluie n’a pas l’air de vouloir s’arrêter. On devrait avancer, non ? »

« Oui. » Jolyon grimpe à l’aide d’une poignée de plantes grimpantes. Elles essaient de s’enrouler autour de son poignet. De petites dents en forme de lettre découpent sa peau. Il les regarde, s’apprête à dire quelque chose, puis retire violemment son bras.

« Ça va ? »

« Pour le moment, murmure Jolyon, pour le moment. »

Ils se déplacent le long du gouffre, la brume verte tourbillonnant au-dessus de leurs têtes, enfoncés jusqu’aux chevilles dans du compost mouillé de pétales de fleur et de terre noire riche. De gros scarabées aux cornes recourbées se battent dans la terre. Uldren en retourne un sur le dos. Le scarabée n’a pas d’entrailles : vu de dessous, ce n’est qu’une coquille vide. Jolyon arrache une fougère et ses racines sont les fils métalliques connecteurs d’un circuit imprimé. De petites choses tortilleuses en forme de puces électroniques mouillées broient le sol exposé.

« Je n’aime pas cet endroit, murmure Jolyon. Nous devrions retourner à la surface… »

Il veut bien sûr parler de la surface du Jardin, les zones de fleurs rouges parfaitement entretenues qui s’étendent vers une lointaine mesa. Mais  Uldren pense que la surface a été bien trop modifiée par les Vex. Ils jardinent, déplacent de la terre, érigent des murs, construisent leurs anciennes structures de pierre et de lumière. Ils essaient de domestiquer l’endroit .

« C’est de la vie, dit-il. Tu as raison, Jol. Tout pousse ici… »

Il ne peut pas laisser cet endroit être détruit. Il ne peut pas le laisser être pillé et renversé comme tous les autres endroits qui ne correspondent pas aux dogmes binaires étroits des guerriers morts-vivants du Voyageur. L’enthousiasme s’empare de lui et il part en courant, pataugeant dans la boue et riant fort.

« Uldren, hurle Jolyon dans sa direction, qu’est-ce que tu cherches ? »

« Je ne sais pas, répond-il en criant. C’est ça qui est incroyable ! Je ne peux pas le savoir ! »

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Références