Donnez à Uldren Sov l’opportunité de tourmenter un Gardien, et il la saisira avant que vous n’ayez eu le temps de dire « Raspoutine a tiré sur le Voyageur », un avis qu’il imprime dans la tête des Gardiens dès qu’il en a l’occasion. Il déteste les mouches du Voyageur, ce sont comme des petites déités à la morale en carton qui n’y connaissent rien. Ce sont des intrus bien-pensants et arrogants, des pions froids dans un système qu’ils n’ont pas besoin de comprendre. C’est cela qu’il déteste le plus : la capacité de se déplacer dans un monde sans se préoccuper de son fonctionnement.
Alors il a fait subir aux Gardiens tout ce qu’il a pu imaginer : il leur a tiré dessus, les a envoyés dans des quêtes vouées à l’échec, il a jeté leurs Spectres dans du sélénophénol ultra puant, il a creusé des trous pour enterrer leurs odieuses balises de patrouilles dans des rochers et les a trompés afin qu’ils démontent des armes très puissantes.
Mais à chaque fois qu’il se bat au pistolet, il se demande ce que l’on doit ressentir à participer sans la moindre peur.
« Jolyon ! », siffle-t-il alors que le Gobelin au-dessous de lui lance en cloche une nouvelle grenade cinglante dans sa direction. « Jolyon, où es-tu ? »
Pas de réponse.
La détonation de la grenade fait exploser les tympans d’Uldren et projette tant d’ozone dans ses sinus qu’il en éternue. Le Gobelin tire sur l’éternuement. Des éclats vitreux de sable fondu ricochent sur son abri et se brisent en explosions sonores. Il se trouve trois cents mètres plus haut. Gardiens, Cabals en armure et Vex intrépides se battent au corps-à-corps, mais les simples mortels se tiennent si loin qu’ils ont du mal à distinguer leurs cibles. Le truc infernal avec les Vex, c’est qu’ils se téléportent. Uldren n’arrive pas à savoir si son immobilisation est due à un Gobelin ou dix.
Une balle siffle à proximité.