L’Archonte qu’il a sauvé se nomme Fikrul, et il vénère Uldren comme un père et un dieu. Uldren comprend maintenant ce qui les a rapprochés. Ils voient tous deux un avenir pour leur peuple brisé… un avenir qui ne peut être obtenu en regardant en arrière. Fikrul explique à Uldren comment les Déchus ont été paralysés par leur dépendance aux machines, comment ils se sont accrochés aux traditions au lieu de se jeter dans l’abysse afin de provoquer leur extinction et d’y trouver une nouvelle renaissance en tant qu’espèce.
« Je ressens la même chose, explique Uldren à Fikrul, sculptant une Galiote à partir d’un lingot d’acier. Nous disons que nous existons sur la mince démarcation entre les ténèbres et la lumière, Fikrul. Mais mon peuple a toujours été détourné du droit chemin. »
« Quel avenir voyez-vous pour les Éveillés ? », l’interroge Fikrul.
Quel avenir ? Après avoir trouvé et sauvé Mara ? Il comprend que cela n’a aucune importance. Il a passé des siècles à surveiller le périmètre de la société des Éveillés, combattant des prétendants, espionnant, trompant, faisant les basses œuvres de Mara… Rien n’a de valeur, sauf si c’est lié au plan de Mara.
Pas même lui.
« Ils peuvent tous mourir, je m’en fiche. », dit-il avec une malveillance dont il ne s’était jamais cru capable. Ne voulait-il pas sauver son peuple ? Non, non. Mara était prête à les détruire pour son objectif… les Éveillés n’ont aucune valeur hormis au service de son plan. « Si certains d’entre eux survivent… ce sera les plus dignes. »
Souhaite-t-il l’extinction des Éveillés ? Est-ce là ce qu’il désire vraiment ?
« Nous avons du travail, dit-il a Fikrul. La Maison des Rois est devenue… gênante pour mes plans. Je souhaite…, dit-il en agitant son couteau, m’en débarrasser. »
Fikrul regarde ses propres couteaux. De l’éther sombre s’agite comme de la brume autour de son visage. « Le moment est-il venu ? Allons-nous leur montrer l’avenir maintenant ? »