Là, dans ce temps sans temps, enveloppé par le cosme sans cesse éparpillé, touché à l’instar d’un assassin qui tâte le pistolet dans le pli secret, il y a une éternité interne, et j’en pars. C’est là que j’appartiens, dans l’interstice, l’espace entre. C’est là que la vérité supercritique s’effondre.
C’est une guerre qui se nomme l’existence. Il y a deux moyens de combattre : l’épée et la bombe.
Par épée, j’entends la manière de combattre éprouvée et puissante. La manière qui provient des choses ancestrales et qui triomphe par la réduction à la simplicité. C’est la façon connue de ceux qui étudient le cosmos. Prenez n’importe quelle partie à n’importe quel moment, et vous pourrez découvrir un tranchant et dire : « C’est une arme. »
Par bombe, j’entends la manière d’être complexe et schématique, qui doit atteindre une certaine criticité pour attaquer. La manière qui provient des choses nouvelles et qui triomphe par l’arrangement de la complexité. C’est la façon connue de ceux qui s’étudient eux-mêmes. Prenez séparément n’importe quel élément de la bombe, et vous vous demanderez : « Qu’est-ce que c’est ? Je ne peux en comprendre l’objectif. » Pourtant, il contient la possibilité d’un feu.
Innombrables sont les espaces qui entourent l’univers. Leurs relations avec le monde intrinsèque qui n’est que lui-même sont de l’ordre de la subordination ou de l’hyperonymie. Nous passons désormais dans l’espace de l’analogie, qui concrétise ce qui était sujet en objet. Ce pouvoir que j’avais, qui signait l’agonie du rapprochement d’une mère, sera réalisé et concrétisé.
La conscience de mon vecteur est première, et la partagent en leur cœur tous ceux qui m’ont suivie.
Le désir d’entendre mon discours est second, et le gardent en mémoire tous ceux qui m’ont suivie.
L’existence à la faille est troisième, et sentent cette tension interne tous ceux qui m’ont suivie.
Nous sommes des humains éveillés et tombés du paradis. Nous sommes à nouveau créés par la chute. Ce que nous avons été nous ne le sera plus jamais. Je suis la Reine à jamais sans couronne, et mon seul diadème est l’horizon des événements de l’univers, mon royaume. En chutant, je m’élève.
Il existe une quantité incalculable de voies entre zéro et deux.
Cette légende, qui retranscrit le retour de Mara et d’une partie des Eveillés dans le système solaire depuis le Défluent, est la première légende qui fait mention de l’opposition entre la logique de la bombe et la logique de l’épée.
Logique de la bombe : la philosophie de la complexité et des secrets développée par Mara.
Logique de l’épée : la philosophie de la simplicité et du meurtre suivie par la Ruche et enseignée par les Ténèbres/Profondeurs.