Imposition IV

Légende 12 sur 18 de la série La vie des Éveillés dans le Défluent
 

La Paladine déchue et le chasseur choisirent ensuite de longs fusils et s’en furent dans la jungle luxuriante pour se traquer. Sjur Eido choisit un Fureur du tigre de 11×90 mm à 5 coups avec guidage et carter inertiel. Uldren choisit une carabine à aiguille silencieuse avec une charge conique en escargot. Pendant six semaines, ils se traquèrent alors que la situation politique prenait un tour des plus catastrophiques. Il était meilleur chasseur, se déplaçait plus furtivement et était plus à l’aise dans la nature, mais Sjur Eido était un meilleur soldat. Elle ne montrait aucun respect pour les systèmes de la jungle et savait comment en tirer un avantage. Elle rendit les animaux fous par la violence et la perturbation de leur habitat. Les perroquets et les corbeaux s’avertissaient de la présence dissimulée d’Uldren, et les prédateurs jaloux le forçaient à quitter ses sentiers reconnus. Sjur Eido le prit au piège dans un lac de rupture et lui tira dessus alors qu’il tentait de traverser le lit du lac. La blessure n’était pas mortelle car l’eau avait perturbé la balistique, mais Sjur avait gagné la partie.

« Ta vie est en jeu, prévint Mara en parlant à son frère, perd cette dernière partie et tu seras… »

« Ai-je l’air simplet ? », répliqua-t-il en grognant. La blessure lui faisait affreusement mal, mais il ne pouvait se risquer à prendre plus d’une petite dose d’analgésique. « Laisse-moi m’occuper de mes affaires, ma sœur, ou ne me laisse plus rien faire. »

Ils s’affronteraient désormais dans leurs appareils de supériorité aérienne au-dessus des Andalayas. Des charges placées sous leur siège exploseraient s’ils venaient à quitter la zone de combat. Comme celle-ci était petite, Sjur Eido avait choisi un appareil de combat tactique Hermine, très rapide, et une charge utile de missiles à guidage thermique.

« Où recevrons-nous les appareils ?, s’enquit Uldren, et puis-je avoir confiance en ces équipements ? »

Sjur Eido l’informa que l’un des scribes de Gensym fournirait les appareils et que les armes demandées provenaient de sa réserve personnelle. « Très bien, répondit Uldren en reniflant. Et nous aurons accès à toutes les armes que ces appareils peuvent porter ? »

« Bien sûr, répondit Sjur, ceux que nous ne pouvons obtenir, nous les remplacerons par des simulateurs d’entraînement. » Elle était certaine que la blessure d’Uldren l’handicaperait.

« Alors dans ce cas j’utiliserai un Dart », répondit Uldren. Les commandes de tir de cet ancien intercepteur étaient affreuses, sa manœuvrabilité mauvaise et ses armes primitives.

« Un Dart ?, railla Sjur Eido. Avec ses armes d’origine aussi ? Vous pensez pouvoir me battre avec des roquettes et un pistolet ? »

« Oui, répondit Uldren satisfait. Acceptez-vous ces conditions ? » Elle les accepta.

Les deux duellistes s’élevèrent dans les cieux un clair matin d’hiver. Après avoir vérifié le carburant, les analyses de la télémétrie et un cliché de la zone, ils s’avancèrent l’un vers l’autre afin de rétrécir les cent kilomètres qui les séparaient. Sjur Eido descendit au ras du sol, sachant que le radar d’Uldren pourrait à peine distinguer son appareil du désordre à la surface. Uldren fondit sur elle.

À quatre-vingts kilomètres de distance, Uldren s’exprima dans la radio : « Fox trois. Objectif abattu. Combat terminé. » Sjur ricana face à un tel bluff et se prépara à remonter pour une attaque rapide lorsque le voyant signalant la destruction de l’appareil sur le panneau d’entraînement de l’Hermine s’alluma. Elle avait oublié que l’équipement d’interception du Dart, qui n’était plus utilisé depuis soixante-dix ans, comprenait une roquette nucléaire air-air sans guidage. Uldren l’avait tuée elle et tout ce qui se trouvait dans un rayon de plusieurs kilomètres au cours de cet entraînement.

Sur le tarmac, Sjur Eido ôta son casque et son parachute, et s’agenouilla devant Mara Sov. «Ma dame, dit-elle, j’ai combattu votre frère et le résultat est une égalité. Mon sort est entre vos mains. Montrez-vous plus clémente que vous ne l’avez été envers ma dame, la Diasyrme. »

« Relevez-vous, Sjur Eido, déclara Mara, partons ensemble à la conquête des étoiles. »

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Références