XXXII : Grandiose. Grandiose.

Légende 3 sur 10 de la série Le périple d'Oryx dans les Profondeurs
 

Verset 4:2 — Grandiose. Grandiose.

Oryx, mon roi, mon ami. Détends-toi. Sois apaisé. Démets cette armure, pose cette épée. Étire tes épaules, soulage-les de ton fardeau, et oublie cette nervosité. Ceci est un lieu de vie et de paix.

Partout où nous allons, nous posons une question simple et sincère. Par exemple : puis-je vous tuer ? Puis-je réduire votre monde en lambeaux ? Dis-moi la vérité. Car si je ne te pose pas cette question, quelqu’un d’autre viendra me la poser.

Et ils disent que nous sommes maléfiques. Maléfiques ! Maléfiques dans le sens : « inadaptés à la vie en société ». Mais nous sommes l’incarnation même de l’adaptation.

Ah, Oryx, comment faire pour leur expliquer ? Le monde n’est pas bâti à partir de ces lois qu’ils aiment tant. Pas sur l’amitié, mais sur l’utilité mutuelle. Pas sur la paix, mais sur la victoire à tout prix. Les rouages de l’univers sont l’extinction, l’extermination, les sursauts de rayons gamma qui embrasent un millier de mondes fertiles, les singularités rugissantes qui dévorent les soleils juvéniles. Et si la vie est le simple fait d’exister, la nécessité absolue de survivre à toute chose, cet effort ne peut pas être accompli par les sourires, mais par l’épée. Pas dans un lieu paisible, mais dans un enfer impitoyable. Pas dans un paradis artificiel d’eaux stagnantes et nauséabondes, mais dans la réalité froide, dure et autosuffisante définie par l’ultime arbitre, le seul juge, le pouvoir qui se mesure et s’alimente de lui-même. L’existence, à tout prix. Débarrassez-vous des mensonges, des trêves, des stratégies d’évitement, de toutes ces choses qu’ils nomment « civilisation », et il ne restera plus que cette forme magnifique.

Le destin de toute chose est décidé ainsi ; dans l’entrechoquement expérimental de deux praxis. C’est ainsi que le monde change. Un chemin en rencontre un autre, leurs armes se déchargent les unes contre les autres, leurs mots et leurs matériaux s’échangent, la compétition s’installe, et avec elle le désir fondamental de vouloir être quelque chose au lieu de n’être rien. C’est de cette manière que l’univers cherche à définir ce qu’il sera à la toute fin.

Et c’est grandiose. Grandiose. C’est la seule chose qui soit sincère en elle-même et avec elle-même.

C’est ce que je suis.

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Références