Fardeau d’Izanagi

Légende 5 sur 14 de la série Le périple des Meyrin
 

« La honte. La culpabilité. La peur. Nous les portons tous en nous. Rassemblez vos regrets, puis purgez-les aussi bien que vous le pouvez. Que vos ennemis ressentent tout le poids de vos fardeaux. »
– Ada-1

« Je l’ai », dis-je, sentant le regard perçant d’Henriette peser sur moi. L’Exo la retient. Dans sa tête, je sais qu’elle crie pour que je ne le fasse pas. Mais, il le faut. C’est le genre de chose qu’on fait par amour. Le genre de fardeau qu’on porte.

Je refuse de regarder dans sa direction. Je ne laisserai pas ces yeux m’arrêter. « Ce que tu veux… L’Exo ne l’a plus en sa possession. C’est moi qui l’ait », dis-je à l’homme au drone.

Des larmes coulent le long des joues d’Henriette désormais. Elle secoue la tête. Je ne peux toujours pas la regarder. Je sais très bien que je serais submergée par l’émotion si je le faisais.

« Yuki, non ! Je t’en prie, ne fais pas– », crie Henriette, mais l’homme l’interrompt. « Chuuuut, petite. Tu ferais mieux de te taire. Laisse-moi plutôt finir cette transaction avec ton amie. »

Je n’ai vu ses larmes que très rarement. En général, elle n’est pas du genre à en produire. D’habitude, c’est moi qui ai besoin d’être consolée. D’avoir mes yeux essuyés. Et c’est toujours elle qui le fait. Courageuse Henriette. Et bien, Hen, cette fois-ci c’est mon tour. Aujourd’hui, c’est moi qui te sauve.

L’homme a le regard noir, et sa voix se fait plus acerbe. « Eh ben donne-le moi. Je te le demanderai pas deux fois. » J’acquiesce, et j’essaie de garder mon calme. J’essaie de l’utiliser pour l’appâter. Un faux sentiment de sécurité. « Je vais l’attraper dans mon sac, maintenant », lui dis-je. Il secoue la tête. « Pas si vite, l’amie. » Il s’avance de quelques pas, pour s’arrêter à un centimètre de moi, le canon de son arme contre ma tempe. « Évite tout faux mouvement potentiel, s’il te plaît, compris ? » Puis, il hoche de la tête pour me signaler de continuer.

Je suis tellement rassurée. Il a mordu. Et maintenant, il va en payer le prix. Mais, je ne peux pas encore y aller. Il me faut juste… un dernier regard. Un dernier aperçu de ses yeux. Je ne peux pas m’en empêcher.

Il est trop tard, maintenant, de toute façon. J’ai la main dans le sac et j’ai déjà dégoupillé. Pas de retour en arrière possible. Mon regard fuit vers le côté, pour chercher le sien. Ils se trouvent, une dernière fois. Je suis en paix. D’un sourire, je le lui fais savoir. J’espère qu’elle trouvera sa propre paix.

Je serai prête à parier qu’elle est dans ma tête avec moi, et qu’elle m’entend lui dire au rev–

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Références