« Je connaissais Callum sous un autre nom, un nom honni.
Le Vagabond s’était retrouvé au sein de l’équipage de Callum pendant un moment. J’ai eu l’impression qu’il aurait pu se retrouver dans de mêmes dispositions, partager leur chagrin, s’ils s’étaient rencontrés plus tôt.
Peut-être le partageait-il. Son Gambit était peut-être le leur.
L’appât mis en place lors de sa première venue à la Tour m’était peut-être destiné. Nous jouions peut-être avec notre propre mort. Tout ceci ne vaut pas la peine de s’y arrêter. Un plan a été établi, il faut le suivre. Si le dernier virage de cette route mène à la mort, tout ce que nous pouvons faire c’est rendre la pareille.
Le Vagabond m’a confié que Callum avait une planque rien qu’à lui. Il m’a appris que son équipage s’était séparé afin que je perde leurs traces. Ils savaient qu’ils auraient du mal à s’en sortir en un contre un, mais rester tous ensemble les rendait plus faciles à retrouver.
C’était logique. Si les six s’étaient séparés, les six membres d’équipage je veux dire, et qu’ils s’occupaient chacun d’une affaire différente, je recevrais des signalements contradictoires. J’entendrais parler de choses accomplies à un bout ou l’autre du système, et ce serait difficile de les retrouver.
Mais cette information, la planque de Callum, c’était une piste à suivre.
Après deux semaines passées dans un trou infâme, j’ai pensé que le Vagabond m’avait mis sur une fausse piste, qu’il essayait peut-être de faire d’une pierre deux coups. J’observais des signes de la présence d’une Ombre, mais ils étaient anciens. Je décidais quand même d’attendre. Je tuais des Corrompus pour passer le temps.
Et puis, l’attente a porté ses fruits.
Callum est entré. Je l’ai entendu avant de le voir, il se disputait avec son Spectre. J’attendais dans l’espoir qu’il révèle des informations importantes qui me permettraient de retrouver la piste des autres, mais je n’ai pas eu cette chance. Le ton montait. Callum était allé trop loin, son Spectre était en colère. Je ne pouvais pas le blâmer.
Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il l’appelait toujours par son véritable nom, Callum, et pas l’autre. Il se sentait toujours concerné. Il avait toujours espoir. Et tout à coup, il a crié.
J’ai dégainé et je me suis avancé dans la lumière.
Callum tenait son Spectre dans la main gauche. Il était silencieux. De la main droite, il avait perforé l’optique à l’aide d’une dague ignoble, un outil façonné à partir des pointes dentelées tirées par une arme dont je tairai le nom.
Le Spectre était mort, et Callum riait. Je pense que c’est parce qu’il savait ce qui l’attendait.
Nous avons eu des mots. Il m’a dit que je ne les tuerai jamais tous. Puis il a laissé tomber la carcasse et a fait mine d’attraper son fusil.
J’ai libéré mon feu intérieur avant de repeindre le mur avec ses entrailles sans dire un mot. »
– Observations d’un Renégat concernant un Vagabond