Dans une chambre de guerre construite par les Psions sculpteurs d’esprit de son père, Caiatl pilotait un chasseur dans un monde étrange. Celui-ci tournait et se retournait sur lui-même, créant une topographie étrange et pourrissante autour d’elle. Les montagnes qu’elle voyait étaient surmontées de tumeurs geignardes et les champs étaient recouverts d’un tissu scabreux.
L’euphorie du vol affutait son regard. La familiarité des commandes lui assurait une prise en main sûre. Elle était bien mieux ici qu’à suivre l’une des leçons ennuyeuses de son père. Elle était éveillée, vivante.
La voix d’Umun’arath grondait à son oreille telle une baleine terrestre remontant en surface.
« Imaginez tout Torobatl comme les marais putrides d’Aark, dit-elle. Des siècles plongés dans la boue. La preuve de la conquête de quelqu’un d’autre. »
Caiatl plissa les yeux et regarda l’affichage de son vaisseau alors qu’une flamme corrompue trouait soudainement le ciel droit devant elle…
« Des monstres vivent aux confins de notre territoire. Ils pourraient éventrer notre monde et le retourner, grommela Umun. Ils n’ont peur de rien. »
Caiatl fut secouée. L’arrière de son vaisseau était endommagé et l’appareil tout entier en était ébranlé. Il s’inclina et elle tenta de remonter. Du trou dans le ciel émergea une sorcière. Elle était immense et vêtue d’une robe. Elle hurlait. Un feu couleur émeraude s’échappait de ses griffes et avançait en spirale vers le vaisseau de Caiatl, mais celle-ci était trop éblouie par les étincelles pour l’éviter.
Quelques secondes avant que les flammes n’engloutissent son vaisseau, Caiatl entendit : « Que craignez-vous, Princesse ? »
Dans ces chambres de combat, une mort simulée semblait être la mort véritable. Panique, douleur, obscurité ; des conséquences réelles de l’échec. La chambre laissait ses occupants flotter dans le vide après la défaite. Et dans ce vide, les minutes semblaient des heures.
Quand l’obscurité s’estompa enfin, Caiatl se tenait dans la chambre blanche. Seule.
Umun émergea et traversa la pièce. « Vous êtes morte », lui dit-elle.
Caiatl gardait le dos droit et la voix calme alors que son bras tremblait. C’était une conséquence humiliante. « Oui. »
« Vous étiez distraite, commenta Umun. Je vous ai vue. Vous regardiez alentour comme si vous visitiez la zone. » Elle fit un geste méprisant de la main gauche. « Vous n’êtes pas sevrée de toutes les histoires avec lesquelles vous avez été choyée. »
« Je n’échouerai plus », déclara Caiatl.
« Non, la coupa Umun’arath. Vous mourrez bien d’autres fois encore si vous souhaitez vivre. » Elle tapa l’épaule de Caiatl de sa main. « Recommencez. »