Seigneur Silimar

Légende 12 sur 20 de la série L'alliance des Seigneurs de Fer
 

Le Seigneur architecte

Seigneur Silimar était mort pour défendre son amas de pierres.

Il était mort lorsque les Déchus s’en étaient emparés lors de la bataille des Aumônes. Il était mort lorsque les seigneurs de guerre l’avaient détruit lors de leur troisième grand bombardement. Il était mort, l’œil transpercé par une lame, lorsque la Maison des Diables l’avait fracassé pendant leur campagne vers l’ouest.

Il était mort sur le grand escalier de la structure, quand les pierres tombèrent à cause de bombes à fragmentations et qu’il était bloqué par une rangée d’Archontes qui avançaient vers lui.

Il était mort aussi bien dans l’ombre immense de la structure qu’en ses hauteurs illustres.

Un jour, pendant un assaut des Déchus, alors que les remparts se dérobaient sous ses pieds, il avait fait le grand saut depuis le parapet afin de mieux comprendre la structure, de mieux cerner le poids qu’avait le ciel sur les pierres et l’acier.

Plus tard, lorsque ses alliés le questionnèrent à propos de ce coup de folie, il répondit : « La prochaine version n’en sera que meilleure. » Lorsque les Déchus arrivèrent à la charge, alors que les autres se repliaient vers un point mieux défendu, Silimar refusa d’abandonner ce qu’il avait bâti. « Allez-y », leur dit-il. « Sauvez-vous. Je vais les ralentir. »

Les ennemis arrivèrent en force, telle une vague de lames, d’armes à feu et de mort sur le point de s’abattre. Au sommet du bastion central de la structure, le Seigneur Silimar ne reculait pas.

« Prenez-le si vous y arrivez, sales bêtes ! » Il criait en direction de la foule.

Il sauta depuis le grand édifice, puis se leva une dernière fois avant de se faire engloutir par le flot d’ennemis. Il était mort avec sa propre dague prise dans les tripes d’un Archonte, tandis que le grand édifice était secoué par les explosions provoquant une pluie d’énormes pavés.

Plus tard ce soir-là, lorsque le Seigneur Silimar s’était relevé parmi les cendres, le Seigneur Saladin était déjà là, à l’endroit même où il avait livré sa dernière bataille.

« L’édifice est condamné », dit Saladin dans l’obscurité. « Tu dois bien t’en rendre compte. »

« Non, pas condamné », répondit Silimar. « Prédéstiné, peut-être. Condamné est un mot trop négatif. »

« Utilise le mot que tu veux, il y a une autre façon de définir cet endroit : il est indéfendable. Malgré tout, après chaque défaite, tu le reconstruis. »

« Je cherche simplement à le perfectionner. »

Le Seigneur Saladin secoua la tête. « Seul un fou construirait la même structure encore et encore. »

« Ces pierres sont comme nous », dit le Seigneur Silimar. « Vous ne le voyez pas ? »

Silimar se releva. Il marchait parmi les ruines encore fumantes. Parmi les blocs fendus. Il regarda les tas de cadavres ennemis. De l’imposante citadelle, il ne restait que des décombres calcinés.

« Vous comme moi, ils arrivent à nous faire tomber », continua-t-il. « Mais encore et toujours, nous nous relevons. Tout comme ce lieu. »

« C’est la onzième fois qu’ils détruisent ce que vous avez bâti », dit Saladin. « Pourquoi reconstruire ce qui va être détruit de nouveau ? »

« Parce qu’un beau jour, ils n’arriveront pas à le détruire », répondit Silimar. « Et lorsque ce jour sera venu… Lorsque cet édifice indéfendable sera devenu parfait et restera debout, alors nous en aurons le cœur net. »

« Le cœur net ? De quoi parlez-vous ? »

Silimar observa son vieil ami. Puis, il tourna et enjamba quelques amas de pierres, puis contempla les ruines qui se déroulaient à l’horizon. « Nous saurons que l’heure est venue de bâtir notre cité vers le ciel. »

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Références