Une rage invisible.
Des étincelles jaillirent alors que les couperets s’entrechoquaient, leur grincement se réverbérant sur les murs de la salle d’entraînement.
« Trop lent d’un demi-pas, grommela Ghaul. Dans un vrai duel, mon prochain coup aurait mis fin au combat. »
Lame toujours en main, Caiatl leva le bras pour essuyer la sueur sur son front. « Est-ce que tu parles autant pendant les vrais combats ? »
Ghaul éclata de rire. « Je n’ai pas l’habitude d’enseigner à mes adversaires. La leçon serait gâchée après mon coup de grâce. »
« Ou bien tu pourrais les ennuyer à mourir. Ah, mais quelle mort ça serait. Achevé par un sermon du Primus fantomatique. Un funeste destin qui pourrait bientôt être le mien… »
« L’ennui est réservé à ceux qui manquent d’ambition. »
« Alors arrête de radoter et attaque ! »
Ghaul jaugea l’héritière présomptive. Elle possédait un talent brut et un formidable instinct du combat, mais son énergie flambait et s’épuisait comme une supernova. Il lui restait encore beaucoup à apprendre, s’il voulait faire d’elle la guerrière à la férocité sans égale que Calus désirait.
« Quand le moment sera venu », répondit Ghaul, posant son arme et s’asseyant. « Pour l’instant, on se repose. »
Caiatl marmonna quelque chose et prit un siège à côté de lui. Même dans le silence, Ghaul sentait son agitation, elle n’arrivait pas à se détendre pour récupérer son énergie.
« Ta rage est comme un feu de forêt, lui dit-il. Elle brûle jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des cendres. »
« Encore un sermon ? » lança Caiatl malicieusement.
Ghaul ignora la pique et continua. « Tu dois être le volcan. Un magma qui bouillonne en continu, invisible sous la surface, qui fait croire à ton ennemi qu’il est en sécurité. Puis, au moment idéal… »
« J’entre en éruption », termina Caiatl.
Ghaul sourit. « Exactement. »
Caiatl détendit ses épaules, semblant commencer à absorber la leçon. Ghaul espéra qu’il ne l’avait pas donnée en vain.