Le monde habitable

Légende 11 sur 12 de la série La consécration de la Ruche
 

Le rêve d’une unité entre les mondes, après des millénaires, étrange et familier à la fois. Il laisse un fragment de données derrière lui pour marquer son passage.

[SOUVENIR : EFFUSION DE CHAGRIN] 

Lorsque notre informateur nous a rendu son rapport sur l’extermination des Ammonites par la Ruche pourrissante, nous ignorions encore ce qu’était un désastre. Des signaux inhabituels en bordure de notre Monde habitable prirent soudain tout leur sens, des renseignements devinrent tout à coup assez crédibles pour que nous nous mobilisions. Et pourtant, ceux qui vivaient au cœur de notre Écoumène uni ne connaissaient pas l’odeur de la peur. 

Après tout, leur extinction était compréhensible. Les Ammonites étaient divisées, elles ignoraient le concept d’unité. Notre Monde habitable, lui, était en constante expansion. Nous offrions les Profondeurs insondables à tous ceux qui voulaient comprendre notre synergie et il nous permettait de nous élever. 

Le jour où la guerre a commencé n’avait rien d’un désastre. Ce fut une célébration. Une nouvelle espèce cliente s’abreuvait des Profondeurs insondables et comprenait le monde tel que nous le savourions. L’air était saturé de joie et nous partagions tous ce sentiment, car tous faisaient désormais partie de l’Écoumène : tous étaient les bienvenus. Comment les choses pouvaient-elles tourner à l’aigre ? 

L’odeur de l’aube s’était depuis longtemps dissipée quand j’ai eu vent du premier conflit, bien que le goût du bonheur persistât dans ma bouche. Bouées hors ligne. Sentinelles sans réaction. Une première frappe. Une odeur tenace que nous ne comprenions pas, même si les Profondeurs nous indiquaient une certaine familiarité. Depuis les balises : Aiat. Aiat. 

J’inscris ce jour à l’importance capitale dans les mémoires. 

[RECONSTITUER : SE RAPPELER] 

La guerre a commencé depuis bien longtemps. Le Monde habitable rétrécit à vue d’œil. Nous ignorons ce que l’avenir nous réserve, au-delà de la calamité et la peur. 

J’inscris ce jour dans les mémoires pour que nous nous le rappelions, quand nous aurons tiré les leçons de nos erreurs dans un avenir sans guerre, que nous ne pouvons pas encore sentir, mais qui existe dans l’espoir fragile que nous tous cultivons. La peur n’est pas apparue brusquement. Les premiers signes de violence sont arrivés par les mêmes vents que la joie. Chérissez ce que vous aimez, car il est peut-être déjà trop tard.

Que nous soyons préservés dans les Profondeurs.

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Références