Une épée, un fil

Légende 6 sur 12 de la série La consécration de la Ruche
 

Un fantôme de la Ruche, interdit et sacré, s’introduisant indûment dans des endroits cachés et hostiles. Il laisse un fragment calcifié derrière lui pour marquer son passage.

Voici ce qui est enseigné aux membres de la Ruche, depuis les plus vulgaires Esclaves nouveau-nés : ce qui peut être détruit doit l’être. Ce qui ne peut pas être détruit dépassera l’infini. Selon cette logique, la destruction n’est-elle pas plus avisée ? Seule la violence peut dévoiler la vérité. Seule la destruction peut permettre à l’invincible de surpasser la mort. Participez à la violence et sachez que vous faites partie d’une ambition plus grande, celle de créer une fin afin de perfectionner l’univers. Ce que construisent vos sacrifices, avec vos os comme fondation et votre sang comme mortier, fait partie de vous. Ainsi peut-on atteindre la transcendance. 

Chaque croyance crée une hérésie. 

D’un point de vue de duelliste, j’ai moi-même créé cette hérésie. N’est-ce pas ? J’ai conçu la Ruche de mes propres mains à partir de la moelle de ses prédécesseurs, et j’ai inscrit son histoire dans le temps avec ma propre voix. La Ruche a été exaltée par les vers et les vers ont été exaltés par la Ruche. 

Si leur faiblesse était telle qu’ils aient besoin de nous pour survivre, cette ancienne logique du fil infiniment aiguisé aurait dû les déserter il y a bien longtemps. 

Vous croyez que je l’ignorais ? Le ver de mon père ne m’a pas uniquement parlé d’épées. Il avait d’innombrables choses à dire, il peignait le cosmos à coups d’étincelles et de sang, de vérité et de fiction. Je fixais l’horizon avec trois yeux lucides et j’ai sciemment choisi la voie de l’épée pour percer notre avenir. Pour atteindre les étoiles, il faut s’extraire de l’océan. C’est une question de priorités. 

Je vous raconte cette histoire sans regrets. Ce n’est qu’une ride dans le temps. 

Ce murmure d’idées au-delà des épées va perdurer : j’en ai assuré la pérennité. Même en notre sein, de telles choses meurent lentement, péniblement et bruyamment. La possibilité demeure, un secret tissé dans les espaces vides du dogme. Ce qui a été vaincu peut se relever. La forme de toutes les formes n’est pas encore établie. 

Les vers ont besoin de la Ruche plus que le contraire. 

Ceci est écrit entre les lignes des Tomes du malheur.

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Références