Douleur décuplée

Légende 11 sur 21 de la série Le terrorisme des Barons infâmes
 

« Prenez garde à ceux qui font le mal.

Vous y compris.

Prenez garde à ne pas être anéanti.

Car une fois que l’infliction est teintée de joie, vous n’êtes plus qu’une bête.

Et ne sommes-nous pas plus que cela ?

Ne cherchons-nous pas à nous améliorer ? »

– Extrait des «  Écrits et observations depuis la Côte enchevêtrée : texte d’un Déchu », traduction de C.C. LaGrange

C’est Reksis Vahn qui a vu périr la Maison des Loups. D’une rage froide, il en a traqué et massacré tous les Serviteurs jusqu’au dernier, et c’est ainsi qu’a périclité la Maison enragée.

Mais la colère de Reksis Vahn n’était pas apaisée, car les Loups n’étaient pas les seuls architectes de sa fureur. Tous les Déchus qui s’accrochaient au rituel de la politique des Maisons étaient ses ennemis jurés.

On raconte que jeune Rebut, il fut affamé. Il regarda avec désespoir les autres se renforcer, tandis que ses frères et sœurs les plus proches étaient maintenus dans la fange. Ils n’étaient pas dignes ni désirés, ils étaient pathétiques. Reksis fut toujours attentif.  Il comprit la supercherie liée au culte de l’Archonte : les Serviteurs n’étaient auréolés du statut de divinité que dans le but de contrôler les masses .

Peut-être y avait-il eu une époque où la théologie déchue répondait à des inquiétudes plus importantes, mais ce n’était plus le cas. Les Maisons étaient divisées, en guerre les unes avec les autres. Les anciennes grâces étaient depuis longtemps négligées, remplacées par un objectif plus immédiat : survivre.

Malgré son statut inférieur, Reksis comprit que sa force venait de sa haine grandissante. Ce n’est qu’en découvrant un mépris similaire chez les parias, qui se surnommaient les Infâmes et portaient leur dérision honnie en signe de fierté, que Reksis trouva un exutoire à sa haine. Ses nouveaux frères et sœurs comprirent l’importance de son agression non contrôlée. Ils étaient tous un peu fous, chacun à leur manière. Tous un peu tordus.

Mais alors que les autres sombraient dans la démence, Reksis gardait l’esprit aussi clair que son objectif : l’agonie d’une mort éprouvante. Et les cibles de sa vilenie n’étaient autres que les Serviteurs dont il avait été privé. Ceux qui permettaient aux Déchus de survivre.

Il découperait leur métal et les mettrait en pièces jusqu’à ce que leurs râles d’agonie se répandent sur la Côte, le Récif… la totalité du système. Tous ceux qui ne se tenaient pas aux côtés des Barons infâmes ressentiraient au décuple l’angoisse qu’il avait un jour connue.

Et il observerait avec joie la vie abandonner leurs pupilles.

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Références