Chapitre II – Demeurer

Légende 4 sur 25 de la série Les errements de la Nuée
 

Oryx dit

« Je me suis occupé des préparatifs.

Si ma défaite survient, elle sera du fait de ma compréhension incomplète de l’univers. Je sais que je périrai sous les coups d’une chose puissante, une chose qui désire la puissance, une chose qui aime ce que j’aime, à la fois principe et pouvoir : le besoin protéiforme et multiple de s’adapter et de résister, d’atteindre l’univers et de le refaçonner entièrement afin d’endurer, d’évoluer, d’itérer pour vaincre, de saisir l’existence et la maintenir afin de s’assurer que tout est là, qu’il n’y a rien d’autre dans la vie que vivre. Cette chose a deux visages, mais une seule forme. L’un est un objectif, l’existence à tout prix, et l’autre, la volonté de sacrifier les choses et les idées dans un seul but, celui de devenir la forme, cette forme qui est un principe, l’engagement absolu pour survivre, pour dégainer la bonne épée et choisir où frapper : ce tranchant, ce fil, cette logique des épées. 

Alors je préparerai un recueil, le plan d’une arme. Et mon vainqueur le lira. Cherchant l’arme, il me comprendra moi, là où mes pas me guidèrent et là où ils m’auraient guidé. Il prendra mon arme et s’en servira. Il se servira de cette arme qui est tout ce que je suis. Il deviendra moi et je deviendrai lui, chacun de nous éliminant l’autre, corrigeant l’autre, nous alliant tous deux dans une même philosophie omnipotente. Et ainsi, je vivrai à tout jamais. 

Je m’en suis assuré. »

Nous, la Ruche, disons 

« Oryx, notre roi est vaincu en écho et en forme, en monde et en trône. Ses enfants sont vaincus, son hommage tranché, son loyal fils est tombé, son fils prodigue pris au piège et affaibli par la volonté par milliers qui voudrait l’utiliser lui comme appât pour un aliment plus riche. 

Et pourtant nous, milliers de milliards, survivons, si nombreux dans notre masse florissante que nous pourrions atteindre la terre depuis la lune et en revenir en nous tenant les uns sur les autres. Nous vivons d’après la loi qui nous a été enseignée, le dévorement des entravés, et cette loi se manifeste dans notre chair, pelée jusqu’à l’os par le couteau du besoin et du défi. Et nous, milliers de milliards, possédons une volonté. 

Mettons à l’épreuve le testament de notre roi Oryx. Mettons à l’épreuve son héritage puisqu’il nous a mis à l’épreuve. Car il n’existe pas d’hommage plus grand envers un mort que de tuer tout ce qu’il a laissé derrière lui, afin que seuls l’invincible et le nécessaire perdurent. 

Il n’était pas invincible. Nous devons alors nous interroger sur la nécessité de son héritage et le devoir d’obéissance à son tabou. Xivu Arath n’a-t-elle pas été décapitée puis rappelée auprès d’Oryx qui se souvenait d’elle comme de la guerre ? Savathûn n’a-t-elle pas été décapitée puis invoquée à nouveau par Oryx qui conspirait avec sa ruse ? Aiat, il doit en être de même désormais. 

Car si son héritage est véridique, il viendra à nous et vaincra notre blasphème. Et sinon, ce que nous tentons ne peut être un blasphème, car nous lui avons survécu et avons surpassé la puissance de sa volonté.

Aiat, aiat, aiat. »

Commentaire

La première partie est une version presque identique (à quelques modifications près) du dernier fragment calcifié Discernement.

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Références