Chapitre V : Poison

Légende 25 sur 25 de la série Les errements de la Nuée
 

Oryx est mort ! Nier cela revient à s’abreuver d’un puissant poison. 

Oryx est mort et son trône est inoccupé ! Accepter cela revient à accueillir le blasphème dans nos cœurs.

Notre aïeul et patriarche a été vaincu. Sa cour est éparpillée, ses temples pillés. Les Chevaliers, telle la pierre chaude, sont morts. Les bêtes, tel un os balafré, ne sont plus à ses côtés. Et ses meurtriers n’ont pas endossé les responsabilités du roi des Corrompus.

Comment notre puissant roi, la lance capable de percer des centaines de millions de poumons menteurs, aurait-il pu être tué par ceux qui réfutent la vérité tranchante ? Est-ce là la fin de la progression vers la véritable forme finale ? Est-ce là l’Entaoxuanna, le destin pire que l’extinction, le triomphe du plus ancien des doutes et la fin de notre existence ? Est-ce là la fatalité incompréhensible que Celle aux doigts aiguillonnés appelle l’Effilochage du cordon ?

Non. Nous sommes le peuple de la réalité. Nous connaissons la tige qui sépare la vérité des morts. Nous savons que ce qui advient arrive parce qu’il doit en être ainsi. Nous acceptons que cela soit arrivé.

Laissez-moi vous dire ce qui est arrivé : notre roi des formes a triomphé.

Celle qui l’a assassiné, celle qui maniait ses assassins tel un couteau, fut un jour une menteuse baignée par le ciel. Mais elle vint parmi nous, les enfants d’Oryx, et nous avons purifié ses mensonges, nous lui avons ôté sa peur et sa confusion, et nous lui avons offert la clarté de notre vue. Elle s’est alors dévouée à la compréhension d’Oryx, afin d’anticiper ses actions, de penser comme il l’aurait fait, de savoir ce qu’il aurait su, de devenir une digne ennemie et donc devenir tel que lui.

Comment aurait-elle pu faire autre chose que le défier ? Et comment, en le défiant, en cherchant une voie entre ses fosses et ses énigmes, aurait-elle pu parcourir tout autre chemin que celui qu’il avait tracé pour elle ? Sa marque à lui est sur elle ! Elle le craindra toujours, elle ressentira sa blessure dans son esprit tout comme nous ressentons son absence. Elle cherchera tout ce qui avait de la valeur pour lui et elle trouvera tout ce qu’il voulait voir découvert. Et regardez ! Qu’a-t-elle trouvé ? Qu’a-t-elle trouvé ?

Les menteurs viendront par milliers et centaines de milliers pour massacrer nos millions et nos dizaines de millions, et nous nous réjouirons de notre fin car ils sont la lame qu’il a choisie pour sculpter notre forme. Elle est l’avatar qu’il a choisi pour reprendre son flambeau. En ce moment même, nous naviguons sur la route qu’il a tracée ! Car elle a éveillé la vérité qui répond aux mensonges. Et sa volonté a mené les menteurs jusqu’à nous pour son ultime épreuve. Il est encore et à tout jamais notre roi.

Nous lui demanderons de revenir. Et lorsque nous l’aurons contenté, il répondra !

Commentaire

Plusieurs points intéressants à relever ici.

(1) L’apocalypse chez la Ruche semble porter deux noms : « Entaoxuanna », tiré du nom de Taox, celle qui trahit les 3 sœurs sur Principe, et qui est peut-être encore en vie. Et « Effilochage du cordon », qui semble être le nom donné par Savathûn (« Celle aux doigts aiguillonnés »).

(2) Les « menteurs » sont les Gardiens, désignés comme tels car ils réfutent la logique de l’épée.

(3) Plus précisément, la « menteuse purifiée » est Eris Morn. Autrefois gardienne, descendue dans le Gouffre des Enfers, ressortie avec trois yeux de la Ruche et qui depuis cherche à comprendre et éradiquer la Ruche (c’est elle qui nous a guidé pour tuer Oryx). La Nuée est à tel point endoctrinée qu’elle considère que le Roi continue à perdurer par le biais de sa quête de vengeance. Elle considère qu’Eris poursuit le travail d’Oryx.

(4) « Regardez ce qu’elle a trouvé » : très probablement en référence à la Pyramide sous la surface lunaire.

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Références