IX.X.I : Apocryphe

Légende 20 sur 25 de la série Les errements de la Nuée
 

DES DÉMONS, MAIS PAS DE DIEUX

Malkanth se sent glisser hors de son corps, libre.

L’exorcisme est soudain et sans effort.

Puis viennent les murmures…

« J’ai ravivé le feu de ton frère, je l’ai exaspéré pour qu’il puisse frapper.

« Je n’avais besoin que de la blessure pour te rendre libre.

« Ton cœur transpercé demandera quelques soins, mais ton vaisseau convient à ce qui doit venir.

« Je sais que tout cela est un choc, mais sache que mes actions t’ont permis de ne ressentir que la douleur la plus brève, et maintenant…

« Maintenant, la paix. »

 

« Je ne demandais pas la paix, Ô sœur cachée des formes. »

 

« Tu connais cette voix ? »

 

« Je sais que tu en as beaucoup.

« J’entends leurs tentations lointaines depuis que je suis enfant.

« Je n’ai jamais recherché leurs conseils. »

 

« Tu n’as rien demandé, cela est vrai.

« Tu ne cherchais qu’à prendre.

« Tu n’es que traîtrise et obstination.

« Je t’aime bien.

« Ne t’y trompe pas, je ne vois nulle faute dans tes désirs, ni dans tes tentatives pour les réaliser.

« Ton seul péché, aux yeux de ceux qui comptent, était que tu n’étais pas en position d’accomplir ton plein potentiel.

« Tu as aperçu une opportunité et tu as agi, comme tant d’autres avant toi.

« Mais tes actions n’ont pas suffi.

« Bien pire, elles étaient limitées au regard de la puissance cachée si visiblement à portée de ta main. »

 

« Akrazul est une force digne de changement. Sa fureur sera… »

 

« …de peu de conséquence.

« Tuez les prêtres inefficaces.

« Assassinez les filles du Prince déchu.

« Salissez la logique de l’épée et couronnez un nouveau maître.

« Cela n’empêchera pas la Nuée de n’être qu’un lumignon quand l’heure viendra pour le cosmos et toutes ses intentions d’être pesées et jugées par ceux qui siègent sur des trônes que nous ne pouvons imaginer. »

 

« Tu parles de dieux que nul n’a vus et pour lesquels je n’ai pas de considération.

« Mon chemin… Le sacrifice consenti ici… serviront à imprimer ma marque sur des questions plus immédiates que celles relevant de la fin de toutes choses. »

 

« Nous sommes donc d’accord. Mon mépris pour l’héritage de la Nuée ne signifie pas que tu doives méditer sur des dieux qui n’appartiennent pas à notre temps et notre lieu. C’est même le contraire…

« Le dragon et le ver.

« La larve et la reine.

« Le paysan et le dieu.

« Tant de divinités. Tant de règles.

« Il y a d’innombrables mythes liés au fléau de la vie. Ils ne sont ni espoir, ni promesse, ni puissance. Ils sont des exagérations nées de malentendus.

« Pourtant, ils gouvernent tant de choses : tes actions et les miennes.

« Un jour après l’autre. Un cycle après l’autre. Une évolution après l’autre.

« Toujours des idoles pour guider et punir et aimer et détruire.

« Mais y en a-t-il de vraies ?

« À qui devons-nous adoration et révérence ?

« Offrandes et sacrifices ?

« Des prières comme armures pour leurs fragiles egos ?

« La vérité, mon enfant…

« C’est qu’il n’y a pas de dieux.

« Seulement des absolus.

« Et pourtant, nous voilà, à l’aube de la plus grande des déconstructions.

« Le temps n’est plus le temps quand le radiolaire danse sur l’histoire passée et à venir.

« L’espace n’est plus l’espace quand nous distordons la réalité pour graver nos propres plans d’existence secrets.

« La mort n’est plus la mort quand les champions de la Lumière se dressent et chutent, sans jamais reculer, sans jamais connaître vraiment la défaite.

« Il ne reste que l’ignorance, le dernier absolu, l’ultime vérité insaisissable.

« On peut plier et briser le temps pour le soumettre aux caprices de ceux qui savent le faire et en ont le désir.

« L’espace peut être déchiré, creusé pour découvrir des royaumes anciens et nouveaux qui défient la compréhension.

« La mort peut être ignorée, grâce à des énergies impossibles et des technologies avancées, à la fois matérielles et semblables à la magie.

« Mais l’ignorance est la constante inébranlable.

« On peut apprendre plus, mais nul ne peut apprendre tout. »

 

« Que se passe-t-il, alors, quand l’immortalité et la totalité de l’espace et du temps peuvent se rejoindre pour conquérir le dernier des grands inconnus ? »

 

« Quand l’absolu final tombe, la réalité frémit et un nouvel absolu émerge… une fin, totale et complète. »

 

« Tu désires voir cette fin ? »

 

«  Je vais m’assurer qu’elle n’ait pas lieu.  »

 

« M’emmèneras-tu avec toi ? »

 

« Je l’ai envisagé, mais non. Ta destinée est accomplie. »

 

« Comment, si j’ai échoué ? »

 

« Tu as échoué à accomplir tes propres objectifs, pas les miens. »

 

Malkanth pèse cette déclaration et un soudain sentiment d’effroi l’envahit lorsqu’elle sent que son essence disparaît dans le néant.

Sa dernière pensée est pour sa sœur…

Commentaire

Ce passage fournit des indices sur les intentions de Savathûn et donne notamment une information capitale : la sorcière cherche à empêcher la forme finale (équivalente à la victoire des Ténèbres).

  • Malkanth = Ø
  • Essence Azavath = X
  • Essence Akrazul = corps Azavath
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Références