IX.X.II : Apocryphe

Légende 21 sur 25 de la série Les errements de la Nuée
 

TON CHANT DEVIENDRA MORT

« Emplis d’air de nouveaux poumons, et considère ceci…

« Ta sœur a nourri sa propre fin de ses malfaisantes ambitions, à savoir subvertir la logique afin de détruire les vestiges de la Maison de Cropta, la lignée d’Oryx. Offrir à la Nuée un chemin au-delà de l’impossible, au-delà de l’ascension.

« Comme toujours, à travers le temps et l’espace, il y avait une faille dans son grand dessein. Comme avec Oryx. Comme avec Cropta. Comme toujours dans l’existence, à chaque fois que quelqu’un cherche à défier sa position.

« C’était toi, douce Azavath, cette faille.

« Ta sœur n’a jamais vraiment considéré la connexion entre toi et ton frère, ni la haine aveugle de sa rage, ni la manière qu’elle aurait de se manifester aux premiers instants de sa nouvelle vie.

« Et cette rage ? Elle t’a trahie aussi. La foi que tu avais placée en Akrazul (la conviction qu’avec sa nouvelle forme, dans ta peau, il trouverait quelque chose pour apaiser sa fureur) a été balayée au moment de sa renaissance. Sa lame, dans ta main, a transpercé le cœur de Malkanth.

« Cette blessure fait toujours mal. Le sens-tu ?

« Pourtant, le cœur bat toujours.

« Plus faiblement, à présent, mais il guérira, si tu le permets. »

 

Azavath se dresse, incertaine, confuse.

La pièce est familière, mais elle est seule, au-delà des mots qui tournent dans les replis de son subconscient.

Le sol est froid et dur. Elle se tient debout au fur et à mesure que la netteté d’esprit lui revient. Ses yeux ne sont plus les siens. Sa peau est familière, mais volée.

Près d’elle se tient la coquille de ce qui a été son frère…

Et elle se souvient de ses derniers instants.

L’inquisition qui a libéré son âme de sa cage physique. Le sens de cette terrible cérémonie.

 

« Pourquoi suis-je revenue ? » demande-t-elle à nul autre qu’aux murmures invisibles.

 

« Pour découvrir la vérité de ton péché.

« Pas son blasphème, mais sa folie.

« Bien plus, pour que tu reconsidères ton don et la valeur des chants qu’il te reste à chanter. »

 

« Pourquoi suis-je insérée dans les os de ma sœur ? »

 

« La colère de ton frère, cette malédiction qui bouillonnait en lui, a été déchaînée. Comme prévu, mais au-delà de tout contrôle.

« Il déteste quiconque n’est pas toi.

« Il les déteste tous pour leurs échecs, pour leurs moqueries… pour avoir créé un présent qui nécessite ton sacrifice dans le but d’assurer un avenir inconnu. »

 

« Où est-il ? »

 

« Dans la Fosse. En ce moment même. Il est allé infliger son châtiment vertueux à la Nuée. »

 

« Il va tous les tuer. »

 

« Ou la plupart. Il est réellement puissant. »

 

« Il en est digne. »

 

« Il l’a peut-être été. Aujourd’hui ? Il n’est pas la réponse que tu cherches. »

 

« Et pour quelle raison as-tu voulu me voir ? »

 

« La réponse est en toi. »

 

« Mon chant. »

 

« Le Chœur. »

 

« Tu veux qu’il soit refondé ? »

 

« Je verrais ses notes se muer en mort. Finale et vraie.

« Ton inquisition a montré la promesse contenue dans la puissance de la mélodie.

« Tu es liée à son histoire.

« Ton démantèlement t’a montré tout ce qui se cache à l’intérieur.

« Il fallait que tu voies pour comprendre.

« Il fallait que tu comprennes pour agir. »

 

« Tu veux que je détruise mon frère ? »

 

« Je veux que tu considères des possibilités au-delà des manipulations de ta sœur et de l’agitation de ton frère.

« Tu es celle qui compte.

« Tu es la clé qui déverrouillera un nouveau Chœur. »

 

« Je suis incomplète.

« Cette mâchoire n’a pas connu de formation.

« Le Chef d’orchestre n’acceptera jamais Malkanth. Même si les notes sont les mêmes, mon timbre, dans ce corps, ne se mêlera jamais au solo pour créer les harmonies que tu veux faire naître. »

 

« Malkanth est morte. Tu es autre.

« Azavath est morte. Tu es autre.

« Bientôt, Akrazul sera mort. Et tu seras autre.

« Tu seras accomplie. Tu seras l’A’Airâm ressuscitée… »

 

« La Première mort ? »

 

« Tu connais la légende ? »

 

« Oui. »

 

« Dirigeras-tu le Chœur ? »

 

« Oui. »

 

« Alors prends la mâchoire de ton ancienne forme et accomplis ta renaissance. Deviens la Première mort et sers de catalyseur pour ce qui, un jour, pourrait se dresser contre l’oubli. »

 

« Et en échange de cet honneur, de tout ce que tu as fait, qu’exiges-tu ? »

 

« Je ne recherche pas les louanges.

« Je veux seulement que ton Chant prenne la forme que je désire. »

 

« Celle d’une arme. »

 

« Et rien de plus. »

Commentaire

  • Malkanth = Ø
  • Essence Azavath = corps Malkanth
  • Essence Akrazul = corps Azavath
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Références