VIII : Sacrifice du moi

Légende 15 sur 25 de la série Les errements de la Nuée
 

Akrazul reste immobile sur l’autel.

L’art dément de l’Inquisition du moi est une science qui le dépasse, dérobée par sa sœur aux leçons interdites d’anciens textes défendus.

Peu nombreux sont ceux qui ont obtenu la connaissance requise pour parcourir l’analyse d’une essence vivante.

Moins nombreux encore sont ceux qui peuvent exciser les strates du moi tout en s’assurant que le vaisseau reste une cage viable pour un autre être.

Malkanth la mystificatrice a passé toute sa vie à apprendre les secrets de la connaissance interdite, sans cesse désireuse d’explorer les failles entre les Compréhensions, dans les recoins sombres de l’imagination où se logent les impossibilités.

Elle a assuré son frère que son tourment serait court comparé à celui de leur sœur.

Akrazul ne trouve que peu de réconfort dans ses paroles et se prépare pour les cris à venir, sachant que la seule voie possible vers l’autre côté repose sur la déconstruction de leur Azavath bien-aimée.

La fratrie reste silencieuse. Pour beaucoup, leur péché à venir serait une trahison digne d’un effacement. Mais ils ne peuvent plus reculer.

Malkanth se tourne vers son frère, sachant qu’il est noble et courageux, et qu’il sera tenté d’intervenir une fois que les cris d’Azavath retentiront sous les plafonds voûtés de la cathédrale abandonnée où ils ont trouvé refuge loin des curieux.

Akrazul garde le silence.

Pourtant, Malkanth lève un doigt vers ses lèvres craquelées et secoue lentement la tête.

Akrazul regarde son bras droit, coupé à mi-biceps, le moignon ne formant qu’une masse calcifiée rugueuse, puis repose les yeux sur Malkanth avant de les fermer.

Malkanth sourit alors que son frère se repose calmement, prêt à jouer son rôle.

Elle se retourne vers Azavath, attachée à son autel par d’épais boulons passant à travers ses poignets et ses chevilles. La douleur sera telle qu’elle luttera et tentera de repousser l’intrusion à mesure que son esprit et son essence s’effilocheront et que son corps se videra de sa vie afin de servir celle d’un autre.

Azavath pense à son frère et à l’enfer qu’il déchaînera une fois qu’il sera entier.

Elle entend un murmure alors qu’elle ferme les yeux.

Elle écoute les chuchotements d’un éloge alors que Malkanth procède à la première incision.

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Références