CONSÉQUENCE DU PÉCHÉ
« Tu aimes tes sœurs, mais une seule t’aime en retour. Pour autant, tu permets à la pauvre et douce Azavath de se donner intégralement à ton profit, d’éteindre son essence pour que tu puisses prendre sa place. Mais son essence n’est pas le tout. Et son don ? La mélodie qui fait écho dans son âme est un trésor rare. Peu nombreux sont ceux qui sont aussi parfaitement connectés à la douleur de nos êtres que ceux qui sont dignes du Chœur.
Pourtant, la précieuse Azavath donne tout pour que tu sois un, échangeant son art contre ta rage, alors que la rage naît et grandit si facilement, alors qu’on la vénère de façon si pathétique. Mais… Telle est la profondeur de sa tendresse. Telle est la folie de l’amour, nous offrons le meilleur de notre être, l’entièreté de notre existence pour faire plaisir à ceux que nous chérissons.
Et qu’en est-il de l’autre ? Ta sœur malfaisante, Malkanth ? Son affection pour toi se heurte à son ambition, à la vérité stoïque qu’elle trouve dans la logique de l’épée. Elle voit tout, sait beaucoup de choses, brandit les secrets comme des armes. Qu’elle t’aime est une certitude que tu ressens jusqu’au plus profond de ton être. Car elle est et a toujours été dévouée et sincère. Elle sert le Prince déchu avec loyauté, en dépit du tropisme discutable de ta lignée.
Mais ses fidélités ont été de peu de conséquence quand les enfants de la Lumière ont maudit ces lieux et ont progressé un massacre après l’autre jusqu’aux chambres interdites où ils ont tué le fils, tenté le père et initié une guerre qui mit fin au règne d’un roi.
Mais tu sais tout cela, grand et puissant Akrazul. Ces histoires sont le terreau de ta rage. Ces vérités violentes marquent ton corps, ton esprit et ton âme. Ton sectionnement est l’apogée d’une vie passée à combattre pour prouver non seulement ta valeur, mais la valeur de tous ceux qui sont liés à la secte entachée de ta lignée en disgrâce.
Je me demande… Est-ce que Malkanth a offert de restaurer ta sœur aimante ? Ton corps reposera, vide, quand ton âme sera libérée. Alors pourquoi Azavath devrait-elle périr quand un vaisseau de son sang et de ses os reste inoccupé ? Parce que ta sœur sait ce que tu ignores, triste Akrazul enragé et aveugle : tu es un outil. Une arme. Rien de plus. Ta rage est ta seule valeur. Azavath ne l’aurait pas pensé. Elle aurait souri à ta fierté retrouvée une fois réuni dans sa chair, mais ta colère lui serait rapidement devenue insupportable.
Et voilà… la fratrie brisée, aveuglée par ses désirs peccamineux. L’une (Malkanth, la menteuse) t’aurait vu lâché sur ceux qu’elle estime faibles, mais au prix de la seule créature que tu aimes. L’autre (la tendre, l’aimante Azavath) lierait ta fureur dans son amour, t’amoindrissant dans sa tentative de nourrir ta douleur. Toutes deux ont des failles. Elles sont indignes elles aussi.
Alors, que feras-tu ? Une fois entier, resteras-tu le pantin d’un apprenti marionnettiste ? Ou saisiras-tu le don de ta sœur pour prendre ta dernière forme aux contours flottants : une rage déchaînée, rien de plus, jusqu’à ce que tout ne soit que poussière ? »
Ces mots devinrent un bourdonnement à l’arrière du crâne d’Akrazul.
Il ne les entendait pas, mais les ressentait.
Ils gravaient une vérité sur son être au moment du dernier cri d’Azavath et de son propre déchirement.
Tout vira au noir et au gris, puis il eut un nouveau premier souffle dans la coquille de sa sœur. À travers des yeux nouveaux, il vit Malkanth qui lui souriait et il comprit que les murmures n’étaient pas une tromperie, mais une promesse.
Le fil de sa lame s’engagea dans le sternum de Malkanth. Une blessure mortelle, profonde et propre.
Akrazul, désormais Azavath, ne serait le pion de personne.
Sa rage ne connaîtrait nulle entrave.
La Nuée allait souffrir.
Puis ce serait le tour de l’engeance malfaisante de la Lumière et de tous ceux qui se dresseraient contre elle.
Le massacre ne finirait qu’avec la dernière cendre, que ce soit la sienne ou celle des autres.
- Essence Malkanth = X
- Essence Azavath = X
- Essence Akrazul = corps Azavath